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Pagaille de Stratèges à Bertrix le 22 Août 1914

Alors que la Grande Guerre débute, des erreurs de commandement ont entraîné plusieurs régiments français dans un véritable traquenard tendu par l’armée allemande lors de la bataille de Luchy le 22 Août 1914.

Le colonel PALOQUE était, en Août 1914, commandant du 18ème Régiment d’Artillerie et après la guerre, il écrit le livre  » 1914 BERTRIX «  dans lequel il cite, sans accusation directe, plusieurs manquements et confusions de stratèges qui par la suite feront tous ensemble le procès de leurs mémoires…

 

 

Le 17ème Corps d’Armée Français, commandé par le général Poline, composé de régiments d’infanterie et appuyé par des groupes d’artillerie de campagne, est chargé d’affronter l’ennemi sur une ligne de front allant du Nord de Saint-Médard au Nord d’Ochamps, passant par la forêt de Luchy. Le 22 Août1914, le 17ème C.A., en exécution des ordres reçus, se porte vers le Nord en trois colonnes.

La colonne de droite, ayant pour objectif OCHAMPS (au delà de la forêt de Luchy) est composée de la 66ème brigade et 2 groupes du 18ème Régiment d’artillerie.

Sur le flanc de cette colonne, une garde sous les ordres du général de Villeméjane, commandant la 33ème division d’infanterie avec en appui le colonel Paloque, commandant l’artillerie de la division, devait progresser sur Saint-Médard.

 

Vers 5h00 du matin, les éléments d’infanterie progressant à plusieurs kilomètres vers l’Est, le général de division signifie à l’artillerie qu’elle est trop en arrière et ordonne de franchir une crête mais, avec la levée du brouillard matinal, le dénivellement oblige une marche arrière qui entraîne un retard conséquent de la réunion infanterie, artillerie.

 

Vers 13h00, le général, son état-major et le colonel commandant l’artillerie, passent à BERTRIX où ils doublent les 2ème et 3ème groupes d’artillerie encadrés par 2 bataillons du 11ème régiment d’infanterie.

Des habitants de Bertrix préviennent du danger de la présence de l’ennemi dans la forêt de Luchy. Le 20ème régiment d’infanterie du colonel Detrie s’est engagé de ce bois de Luchy.

 

Sur le court trajet séparant Bertrix et le bois de Luchy, le colonel Paloque reçoit du général la mission de conduire au plus vite son artillerie en appui de l’infanterie déjà au contact de l’ennemi.

Vers 14h00, en arrivant au milieu du bois, le colonel constate avec désolation que l’unique chemin est saturé par l’artillerie. Les batteries, voitures et caissons qui sont en désordres, tentent des manoeuvres de positionnement et de demi-tour mais les shrapnels des canons allemands et les tirs de mitrailleuses occasionnent de vastes pertes dans les attelages.

 

Les chevaux tombent nombreux. L’adjudant Avejan de la 9ème batterie entend le colonel demander de rester et tirer en essayant au plus vite de s’installer dans la moindre clairière. Après avoir tiré à 500, 300 puis 100 m, l’adjudant Avejan ainsi que plusieurs frères d’armes sont faits prisonniers au milieu des tués et des blessés.

Récit du lieutenant de Montbazon

Il faut arrêter les Allemands ! Il faut sauver les pièces des canons!

Les survivants se battent avec un entrain endiablé. Plus de munitions! Eh bien, à la baïonnette, et les canonniers du 18ème régiment d’artillerie sont d’admirables fantassins…

Lors de cette terrible journée du 22 Août 1914, les canonniers et gradés du 18ème montrèrent leurs qualités habituelles de bravoure et d’entrain, de discipline et de courage.

Les pertes du 1er groupe sont de 8 officiers, 250 hommes et 350 chevaux. Des unités entières se sont sacrifiées pour le salut de leurs frères d’armes et pour l’honneur.

Le jour de son premier combat, le 18ème régiment d’artillerie écrivît sa première page de gloire.

Du premier groupe qui à tenu jusqu’à la tombée de la nuit, une poignée d’hommes commandée par le capitaine Laperche résiste héroïquement puis se retire à travers bois en abandonnant ses batteries anéanties et à cet instant le capitaine se fait tuer...

 

Le colonel PALOQUE, commandant du 18ème Régiment d’ Artillerie écrit dans son livre;

Le 22 Août, la 33ème Division d’armée française a reçu, en l’absence de son chef, et mon artillerie en mon absence, des ordres qui ont abouti à les embouteiller, en colonne de marche, dans un immense bois non reconnu où l’idée d’un abordage était si éloignée des esprits que les hommes, charmés par la fraîcheur de la forêt et approchant des cantonnements fixés, cheminaient en chantant.

Soudainement, en quelques minutes, cette colonne s’est vu cerner par le Nord, par l’Est et par le Sud, soumise à une fusillade très rapprochée jusqu’à l’abordage et un tir d’obus fusants provenant, chose étrange, du Sud-Ouest.

Il ne m’appartient pas de porter ici un jugement sur les auteurs des fautes qui ont entraîné une si impardonnable surprise bien que la destruction ou la prise d’une partie de mon superbe régiment, le 18ème d’ARTILLERIE, où tous, officiers, sous-officiers et canonniers étaient prêts à me suivre au bout du monde, soit un évènement incitant un chef de corps à mettre à nu toutes les responsabilités.