Darbellay, sous-lieutenant, né le 22 Octobre 1887 à Tournai en Belgique
Lavigne Pierre, né le 29 Mai 1889
Erhardt , maréchal-des-logis
Bories Jean, né le 9 Avril 1894 à Saint-Amand
Layan Elie, né le 11 Juillet 1892, maréchal-des-logis
Serres Baptiste, né le 23 Février 1891
Michaud Jean Adrien, né le 16 Septembre 1889
Orphelin Jean-Marie, né le 4 Juillet 1893 à Toulouse
Saint-Arroman Jean Joseph Louis, né à Auch, le 16 Septembre 1887
Rimailho Jean-Marie Firmin Augustin, né le 15 Août 1891
Vital Jean, né le 22 Mars 1884
Le 22 août 1914 dans la matinée, le régiment franchit la frontière franco-belge.
Le cri de «Vive la France » retentit tout le long de la colonne. La gaieté, l’entrain, toute l’ardeur d’une exubérante jeunesse se manifestent bruyamment : la forêt qui encadre la route, la forêt silencieuse et froide poussée dans les brumes du Nord ne doit point reconnaître ces hommes à l’enthousiasme si chaud.
C’est que leur pays natal est déjà, bien loin ! Ce sont ceux des bords de la Garonne et de la Dordogne, ceux de Toulouse, d’Agen, de Bordeaux, de Bergerac, tous ceux de l’Aquitaine et de la Gascogne, et ils emportent toujours du soleil dans le cœur !
Hélas ! quelques heures plus tard, de ceux qui avaient dit à la France un au revoir si joyeux, beaucoup tombaient sur la terre étrangère et ne devaient plus revenir.
Vers 14 h. 30, par un chemin étroit, le régiment pénètre dans la forêt de Luchy (cette large forêt est située entre Bertrix et Ochamps dans le Luxembourg belge).
Les dispositions de combat sont prises, mais la forêt est calme et paraît déserte. L’ombre est bienfaisante par cette chaude journée d’août : les hommes chantent ; la colonne avance paisiblement.
Tout à coup une violente fusillade éclate vers l’arrière du groupe de queue et gagne vite la tête. Des chevaux tombent, d’autres s’affolent et s’emballent : c’est l’embuscade, c’est le piège.
Dissimulé dans les taillis, l’ennemi attaque traîtreusement le régiment qu’il a laissé s’engager dans le bois. L’infanterie essaie d’arrêter la progression allemande, mais elle cède peu à peu sous le nombre. Le 1er groupe du 18e réussit à se mettre en batterie. Il ouvre le feu à 300 mètres et le continue contre l’ennemi qui progresse devant ses pièces, jusqu’à l’épuisement, complet de ses munitions. Des rafales de balles passent sur les batteries, 1-s officiers, les camarades tombent : qu’importe la mort ! Il faut arrêter les Allemands, il faut sauver les pièces ! Les survivants se battent avec un entrain endiablé.
Plus de munitions ! Eh bien ! à la baïonnette ! et les canonniers du 18e sont d’admirables escrimeurs !
Tandis que se livre ce furieux corps à corps, les deux autres groupes qui avaient aussi ouvert le feu, pouvaient, grâce au dévouement sans limite du 1 er, exécuter, en partie tout au moins, l’ordre de tenter de sortir de la forêt. Pris sous le feu de l’artillerie allemande au passage des clairières, ils se dégagent au prix de pertes cruelles. Dans cette terrible journée du 22 août, les canonniers et gradés du 18e montrèrent leurs qualités habituelles d’entrain, de discipline et de courage ; on ne saurait citer tous les actes héroïques dont la forêt de Luchy fût le théâtre.
Le sous-lieutenant DARBELLAY (2e batterie) est tué en arrosant de pétrole ses canons dans le but d’y mettre le feu. Les canonniers BOUE et DAGASSAN (8e batterie) dont la pièce embourbée a dû être abandonnée, déclavettent leur canon, de leur propre initiative et enlèvent la culasse qu’ils portent pendant plus d’une heure. Une pièce de la 5e batterie ayant deux de ses attelages tués, le canonnier SAINT-GENES, qui reste seul, coupe sous un feu violent les traits des chevaux tombés et avec son attelage tente de dégager le canon ; celui-ci légèrement embourbé ne bouge pas : le servant LACAPERE doué d’une force exceptionnelle s’applique aux roues et parvient à faire avancer le canon qui est ainsi sauvé. Le maréchal des logis ERHARDT, agent de liaison au 3e groupe, voyant une pièce inutilisée, le personnel ayant été mis hors de combat, sert seul la pièce et y trouve une mort glorieuse.
Le lieutenant CARRE (2e batterie), s’armant d’un mousqueton muni d’un sabre-baïonnette, dégage le colonel du 11e régiment d’infanterie serré de près par l’ennemi. Les pertes du seul 1er groupe, (8 officiers, 250 hommes, 350 chevaux), suffisent à montrer toute l’âpreté du combat de Luchy. Des unités entières se sont sacrifiées pour le salut de camarades, pour le salut de leurs pièces et de l’honneur : la fortune n’a pas souri, mais elle ne put empêcher que le jour de son premier combat, le 18e écrivît sa première page de gloire.
Ebranlé par ce choc terrible, mais non abattu, le régiment se reforme. Le 3e groupe est reconstituée. Il franchit à nouveau la Meuse…
Extraits de;18e d’Artillerie dans la Grande Guerre – Impr. Moderne (Agen) 1919 – sources : http://gallica.bnf.fr – droits : domaine public – transcription intégrale – Marie-France Robelin A.S.O.R. Saint-Etienne 2