Le 30 Mars 1892, le 13ème régiment de ligne prend garnison dans la ville de Namur en remplacement du 9ème qui s’installe dans la capitale, Bruxelles.
Lors de la mobilisation , 15 classes sont sollicitées.
Le 13ème de forteresse est constitué à partir des classes de 1901 à 1905.
Le 13ème de ligne se compose des hommes des classes de 1906, 1909, 1911 et 1913.
Le 33ème de ligne est issu des classes 1907, 1908, 1910 et 1912.
Le 1er Août 1914, c’est l’effervescence dans la caserne Marie-Henriette, le général Michel commandant la 4ème division transmet l’ordre de mobilisation aux chefs de corps du 13ème de ligne, 13ème de forteresse et 33ème de ligne, soit trois subdivisions du régiment pour l’ordre de bataille .
Le 5 Août 1914, une compagnie de 150 cyclistes est formée pour assurer des services de reconnaissances hors des positions de défense. Cette compagnie sera très vite au contact des Uhlans allemands partis en avant-garde devant l’armée allemande.
Le 13ème et 33ème de ligne installent des lignes de défense dans le secteur de Gesves tandis que plusieurs compagnies sont envoyées dans la province de Luxembourg pour maintenir une protection aux détachements du Génie qui ont pour mission de détruire les gares de triages de chemin de fer de Libramont et Marloie .
Dans les intervalles du fort d’Andoy, des patrouilles du 13ème de ligne progressent dans le bois de Jeumont. Le sergent Willems se distingue avec son escouade en faisant prisonniers deux officiers allemands.
Dès le 21 Août, l’agression des colonnes allemandes obligent à toutes les positions avancées du régiment belge à reculer tout en essayant, durant 2 jours, de résister malgré des bombardements intensifs de gros calibres. Les forts sont détruits dans la journée du 22 et la retraite vers la frontière française est obligée.
La retraite s’opère dans la journée du 23 Août depuis Namur sur les routes menant vers le Nord de la France par Bioul, Warnant, Ermeton-sur-Biert, Mariembourg et Couvin.
Le 3ème bataillon du 13ème de ligne assure une arrière-garde sous un feu infernal pour couvrir les troupes belges en marche forcée vers la frontière.
A Bioul et Warnant le 13ème de ligne subit des attaques écrasantes, les pertes sont importantes. A Ermeton-sur-Biert, la confrontation est meurtrière, plusieurs officiers perdent la vie avec leurs soldats mais le gros du régiment échappe de justesse à l’encerclement…
Le 24 Août 1914, à 2hoo du matin, les troupes belges quittent Bioul et reprennent la route vers la frontière.
Les hommes sont désemparés et une réorganisation serait nécessaire dans le désordre de la retraite et la cohue qui règne sur la route. Des fusillades sporadiques éclatent partout et la panique gagne la colonne, les officiers sont disséminés sur le parcours et les soldats progressent dans les fossés.
Notons qu’un bataillon français, appartenant à la 8ème Brigade du général Mangin, engagea une contre-offensive qui favorisa le repli des Belges.
Le 25 Août, la 4ème Division, commandée par le Général Michel, entreprend une marche forcée de 42 km jusqu’à la limite de l’épuisement pour se mettre hors d’atteinte de l’ennemi. Cette marche a conduit à Mariembourg et ensuite à Auvillers en France.
Le lendemain, 26 Août en fin de matinée, les soldats belges arrivent en gare de Liart et après un rassemblement des effectifs, la troupe embarque sur un train à destination de la ville de Rouen .
Après quelques jours de réorganisation des effectifs restants, la 4ème Division est transférée au Havre puis embarquée sur un navire qui quitte le port le 1er Septembre pour arriver à Ostende le 3 Septembre 1914.
Début septembre, le 13ème de ligne parcourt les secteurs situés entre la Mer du Nord sur les côtes belges et la zone fortifiée d’Anvers tout en participant à des combats sporadiques et ce jusqu’à la fin du mois d’Octobre.
18 Octobre 1914 ; la bataille de Keyem.
Le 1er bataillon du 13ème de ligne est désigné pour reprendre le village de Keyem aux Allemands.
En fin de journée du 18, le village est reconquis mais sans avoir atteint le canal de Loo comme prévu et, malheureusement, le lendemain, l’ennemi contre-attaque et reprend définitivement le village lors de combats sanglants qui firent environs 500 victimes dans le régiment belge.
De nouvelles recrues volontaires sont affectées pour combler l’effectif manquant mais avec peu d’entraînement et formation et avec encore le vieux fusil « Gras » et quelques cartouches… La réorganisation s’effectue près du château de Vicogne puis s’achemine vers le pont de Tervaete
L’assaut est lancé par le 1er bataillon du 13ème régiment de ligne commandé par le Major DELCOURT et suivi en soutien par le 1er bataillon du 8ème régiment de ligne avec le Major VASSEUR. L’ensemble de l’opération est dirigé par le Colonel COUTERIAU
Le Major DELCOURT, qui pense que l’on va lancer, sans espoir de renfort, 2 bataillons isolés déjà réduits contre un gros contingent de l’armée ennemie massé dans les bois de Koekelare et dans le village de Sint-Pieterskapelle fait une déclaration au Colonel COUTERIAU :
« Nous marchons à la mort, Monsieur, mais qu’importe, le bataillon fera son devoir »
Les soldats progressent maintenant vers la Kloosterdreve, traverse le pont de Tervate .
Sur la route de Keyem, le Major DELCOURT commande à mi-voix le déploiement des 3 compagnies de son bataillon ;
Au Nord : la Cie PASQUIER s’établit à la borne 6 sur la route de Leke.
A l’Est : la Cie MAHIEU marche sur la route de la Chapelle par où l’ennemi devrait sortir du bois de Koekelare.
Au Sud : la Cie BRABANT ainsi que la Cie POTTIER du 8ème de ligne s’installent à la lisière et fouillent les maisons du village.
Aux abords de l’église les troupes belges sont accueillies par un feu nourri provenant du cimetière, une grêle de projectiles claque sur la route et les murs. La progression se fait de maison en maison avec des assauts vigoureux.
Des Allemands arrivent de toute part et tentent une infiltration dans les lignes belges. Une manœuvre d’encerclement se dessine, le nombre de victimes est important.
Le Lieutenant LOUPPE se hâte de regagner la position de ses mitrailleuses mais il tombe à genoux, blessé mais ordonne le feu à ses hommes.
Au même instant, le Major DELCOURT, qui s’avançait sur la route pour diriger de plus près le combat, tombe atteint d’une balle au flanc droit. Le lieutenant blessé l’interpelle ; « Mon Major, puis-je vous venir en aide ? »
Le visage martial du Major DELCOURT est déjà livide et seul un râle étouffé sort de sa bouche.
Des survivants du 1er bataillon du 13ème de ligne, il restera 120 hommes et 2 officiers après cette nuit du 18 et cette journée du 19 Octobre 1914…
Et ce ne sont là que des combats d’avant-garde !
L’adjudant Boulard de Chanly ( commune de Wellin) est tombé sur le champ de bataille le 14 Octobre 1918 lors de l’offensive finale vers la reconquête du Nord de la Belgique.
Après la Première Guerre mondiale, un livre a été publié, intitulé « Petite Histoire du 13 ». Ce livre a-t-il été traduit en néerlandais ? Quelqu’un a-t-il plus d’informations à ce sujet ?