Notre Papa portait le même prénom que son Oncle ; Félix Body, Sergent au 19ème Rég. de Ligne qui tomba sur le champ de bataille de la délivrance de l’Yser en Octobre 1918…
Né à Auby s/semois le 18 Juin 1920, Félix est le cadet de la famille avec 2 soeurs, Octavie et Marthe.
Son père Joseph et sa mère Henriette Collard habitent une petite ferme à la rue de la Chernaudame à Auby et Félix passera toute son enfance et sa jeunesse dans les occupations de la ferme familiale.
En 1940, il a 20 ans et est appelé sous les drapeaux, il rejoint la garnison du 1er régiment de Chasseurs Ardennais puis est aussitôt mobilisé pour participer à la défense de son pays lors de la seconde guerre mondiale.
La bataille de Vinkt sera le centre des opérations des combats soutenus face à l’ennemi
1940, Félix est en garnison à la caserne Tresignies de Charleroi quand la seconde guerre mondiale éclate…
Après la campagne des 18 jours, l’armée belge capitule et des régiments de Chasseurs Ardennais en retraite devant l’ennemi s’enfuient vers le Sud de la France et se retrouvent à Pont St Esprit.
Quelques images existent sur leur passage dans cette ville et les similitudes sur les panoramas sont encore bien perceptibles…
Quelques jours plus tard, Félix Body rentre au pays et reprend son activité de cultivateur avec son père à Auby s/Semois.
Après 4 années d’occupation, comme plusieurs villageois, il adhère aux réseaux de résistances et participe à des opérations de sauvetages d’aviateurs anglais dans le cadre de l’A.S.(Armée Secrète)
L’abbé Henry, curé d’Auby s/Semois écrira ce mot en témoignage de la véracité de son adhésion à l’A.S. afin qu’il soit reconnu comme Résistant après-guerre !
Commémoration La Cornette
Lors d’une rafle, le 25 Avril 1944, Félix Body se cache dans le fenil de la ferme mais la ténacité des Allemands permet son arrestation. Piqué d’un coup de fourche, au hasard de la recherche dans le foin par un soldat allemand, Félix est traîné vers la gare de Bertrix avec une vilaine blessure qui l’ennuiera longtemps.
Il est envoyé à Arlon puis vers les camps en Allemagne dans le bassin sidérurgique de la Ruhr et sera affecté au travail obligatoire dans les usines de Mulheim et Essen.
Félix Body écrira de nombreux courriers à ses proches ainsi qu’à quelques amis en expliquant ses déboires avec ses problèmes de blessure et en sollicitant quelques nouvelles et images de sa famille.
Après une année de détention, Félix Body est libéré par les Américains le 12 Avril 1945.
Cinq ans après la guerre, le 6 Mai 1950, il épouse notre Maman Madeleine Goffin, née à Dohan.
Le couple s’installe à l’arrière de la ferme familiale de la rue de la Chernaudame à Auby.
Un petit logement est aménagé avec un deux pièces et les chambres à coucher sont en accès commun avec les parents de Félix.
La cohabitation est parfois lourde car la rigueur ardennaise est sévère et le patriarche, à l’époque, est encore rude et autoritaire.
Le 2 Mai 1958, Félix Body est désigné garde-champêtre du village d’Auby et cumule cette nouvelle activité avec les travaux de la ferme et le façonnage du bois de chauffage.
Il achète une Jeep Willys d’occasion qu’il utilise pour tous les travaux des champs et des bois. Avec la gourmandise de sa Jeep, il fait ajouter un second réservoir pour utiliser l’essence au démarrage puis, au moyen d’un inverseur, passe au pétrole lampant pour les longs parcours !
En 1967, il quitte la ferme familiale avec sa famille et achète la villa Mariette, ancienne annexe à l’Hôtel St-Remacle sise au centre du village d’Auby. Sur l’image ci-après, nous découvrons la maison acquise depuis quelques semaines et nous apercevons sa fidèle Jeep Willys qui fut son seul véhicule tout usage au service de la ferme et de déplacement régional…
Le 22 Nov. 1975, à seulement 55 ans, il partage quelques heures de détente à la pêche avec son ami Camille Mary sur la Semois et le drame arrive… Félix est emporté par les méandres profonds de la rivière qui inonde de chagrin sa famille désemparée …
22 Novembre 2019 , ce sera toujours une date très particulière, 44 années passées, me voilà à la fin de carrière ; on attend ce jour mais, finalement, cela passe très vite et désormais on espère que le temps va ralentir pour augmenter la vie, une pensée pour papa & maman
42 Années que Papa est disparu tragiquement, il restera pour toujours mon idole à qui je regrette tellement de n’avoir pas pu partager une part de complicité sur le chemin de ma vie…
Jour de Toussaint quelque peu particulier avec davantage de pensées profondes pour nos proches; Madeleine, Mariette et Roger Goffin, tous trois disparus ces derniers mois, sans oublier Marthe mouton, notre tante…
L’amertume remplit notre coeur avec le départ de l’oncle Roger, frère de notre maman. La maladie foudroyante l’a terrassé en seulement quelques jours, causant le désarroi parmi ses enfants et leurs familles.
A peine 4 mois après la disparition de Madeleine, Roger Goffin est désormais au côté de sa soeur dans le firmament éternel…
Que cette journée nous est triste, notre Maman vient de nous quitter pour rejoindre son mari Félix Body et l’accompagner dans le firmament des étoiles pour suivre la voie lactée du bonheur éternel.
Malgré notre désarroi, nous devons nous résigner à laisser Madeleine Goffin entrer dans le ciel auprès de Dieu.
J'avais 20 ans en 1975 et voilà 40 années ce 22 Novembre 2015 que notre papa perdait la vie inopinément. C'est à 20 ans qu'on a le plus besoin de montrer à son père la détermination qui nous anime et l'ambition de préparer notre avenir…
Lui avait 20 ans, en 1940, lorsqu'il entre dans cette effroyable guerre et est privé de liberté…
Quel désarroi !!