Biographie de Félix BODY
Issu d’une famille d’agriculteurs d’un petit village assis sur les méandres de la Semois dans les Ardennes Belges, Félix BODY est né le 15 Juillet 1887 à Auby-sur-Semois.
Hiver 1899, le 10 Décembre, le drame s’abat sur la famille BODY, Gaspard Body,le papa âgé de 59 ans décède inopinément. Félix a alors 12 ans .
Sa soeur aînée, Marie-Joséphine perd la vie le 13 Août 1903 et le désarroi total s’empare de la famille.
La famille Body est alors composée de 3 soeurs et 3 autres frères dont un qui décéda à l’âge de 12 ans en 1890.
Noyée par le chagrin, sa maman; Marie Augustine Pierson meurt le 28 juin 1904, laissant la ferme orpheline.
En 1904, Félix est âgé de 17 ans, avec Prosper âgé de 34 ans et Joseph le frère cadet 15 ans, ils doivent assumer la sauvegarde de la ferme…
Deux soeurs sont mariées; Julie avec Joseph Comilia en 1901 et Sophie avec Jean Joseph Gilson en 1904.
Octavie, 24 ans, participe également aux travaux domestiques.
16 Avril 1906; Sophie Body met au monde le petit Joseph Prosper Félix
Septembre 1907, Félix est appelé sous les drapeaux pour un service militaire de 20 mois.
Joseph Body, frère de Félix
Le 15 Septembre 1907, Félix part pour l’instruction militaire à Arlon pour une durée de 2 mois, ensuite il est envoyé au 13ème régiment de Ligne à la caserne Marie-Henriette de Namur.
Son matricule est ; 1191481 dossier 6188596
Avril 1909, Félix Body participe à des manoeuvres au camp de Bourg-Léopold et défile avec le régiment devant le chef de corps.
Le 15 Septembre 1909, Félix est démobilisé et renvoyé à son domicile à Auby-sur-Semois.Il continue quelques temps le métier de cultivateur et marchand avec ses frères Prosper et Joseph.
A la fin de ses obligations militaires, Félix Body participe à un office religieux pour militaires le 11 Novembre 1909; cette date qui deviendra précisément le jour de l’armistice de la Grande Guerre et à laquelle il ne participera jamais!!!
Après le service militaire, Félix travaille au dur labeur du métier de cultivateur sans trop se préoccuper d’une menace certaine qui plane sur l’Europe.
3 Décembre 1913; mariage de son frère Joseph avec Henriette Collard, sœur de Léon qui sera bourgmestre d’Auby en 1925…
Le 15 Juin 1914, il fête ses 27 ans, croyant à une année prospère avec l’ambition de sa jeunesse mais quelques semaines plus tard, le ciel s’assombrit … Le 28 Juin 1914, il participe en bon Chrétien à la manifestation eucharistique de Bertrix .
31 Juillet 1914 à 19h00, Sa Majesté le Roi Albert 1er décrète la mobilisation générale de l’Armée Belge 2 jours avant l’ultimatum allemand . 15 classes sont appelées pour 6 Divisions d’armées.
Félix reçoit son ordre de rejoindre signé du commandant de district de Gendarmerie avec la mention » rejoindre immédiatement » la caserne du 13ème de Ligne à Namur.La mission principale est de participer à la défense de la place forte de Namur. Incorporé dans la 4ème Division d’Armée sous le commandement du général Michel, le 13ème de Ligne occupe des intervalles de forts autour de Namur et il subit, comme les autres régiments, des attaques très impressionnantes qui obligent la 4ème division à battre en retraite.
Dés le 10 Août, les soldats du 13ème sont positionnés dans les tranchées composant les lignes de défenses entre les forts et le Mercredi 19, les premières escarmouches avec des Uhlans eurent lieu…
La 22ème division allemande lance des assauts sur les Belges et bientôt sa suprématie oblige nos braves soldats à se replier…
23 Août 1914, 18hoo, Félix Body abandonne avec son bataillon les tranchées de Géronsart à Jambes.
24 Août 1914, à 2hoo du matin, les troupes belges quittent Bioul et reprennent la route vers la frontière. Félix Body, avec le 3ème bataillon du 13ème de Ligne, marche sur Ermeton-sur-Biert venant de Rouillon et Fraire. Les hommes sont désemparés et une réorganisation serait nécessaire dans le désordre de la retraite et la cohue qui règne sur la route. Des fusillades sporadiques éclatent partout et la panique gagne la colonne, les officiers sont disséminés sur le parcours et les soldats progressent dans les fossés.
A 9hoo, le bataillon du 13ème de Ligne tombe nez-à-nez avec des éléments de l’avant-garde ennemie et des tirs crépitent à l’entrée du village.
Notons qu’un bataillon français, appartenant à la 8ème Brigade du général Mangin, engagea une contre-offensive qui favorisa le replis des Belges.
Le 25 Août, la 4ème Division, commandée par le Général Michel, entreprend une marche forcée de 42 km jusqu’à la limite de l’épuisement pour se mettre hors d’atteinte de l’ennemi. Cette marche a conduit Félix Body de Mariembourg jusqu’à Auvillers en France.
Le lendemain, 26 Août en fin de matinée, Félix arrive à la gare de Liart et après un rassemblement des effectifs, la troupe embarque sur un train à destination de la ville de Rouen .
Après quelques jours de réorganisation des effectifs restants, la 4ème Division est transférée au Havre puis embarquée sur un navire qui quitte le port le 1er Septembre pour arriver à Ostende le 3 Septembre 1914.
A partir du 4 Septembre, l’armée belge défend un front proche de Termonte et la ceinture d’Anvers pendant que dans la Marne la première grande bataille dure une huitaine de jours…
Avec cette première victoire sur la Marne, l’armée belge redouble de ferveur à combattre et trois contre-offensives sont lancées par de glorieux régiments avec l’aide des Anglais et des Français. Durant une quinzaine de jours, la 4ème division est placée en réserve et finalement le mardi 29 Septembre, les clochers d’Anvers sonnent le glas sous un ouragan de feu martelé par les fameux mortiers de siège qui furent décisifs par leurs performances de tirs et leurs calibres lourds…
Du 1er au 13 Octobre, la grande retraite d’Anvers est opérée vers l’Yser.
5 Octobre 1914, le 13ème régiment de ligne est massé dans la boucle de Schoonaarde. Sur sa gauche le 10ème de ligne barre l’accès vers Baasrode et la petite ville de Termonde.
Le 13ème de ligne, qui est positionné sous la protection de la 6ème Division d’armée belge, tente de gagner le canal de Gand à Terneuzen par les chemins de sable de Beiwelde.
10 Octobre, la 4ème division d’armée belge commandée par le général Michel qui, malgré la fatigue avait encore creusé à Waarschoot des tranchées aussitôt abandonnées pour gagner les positions de Wijnendale, Torhout et Ichtegem où elle allait organiser en coordination avec la 1ère D.A. une position de maintien et d’accueil à environ 15 km de l’Yser entre Torhout et Eernegem.
Son Altesse Royale, le Roi Albert 1er s’adresse à ses soldats:
Le message du Roi est clair, il faut tenir le front de l’Yser !
A partir du 15 Octobre 1914, la ligne de front part de la Mer du Nord à hauteur de Nieuport, longeant l’Yser jusqu’à Ypres.
Sur cette ligne de front, la 4ème division avec notamment le 13ème de ligne a pour instructions de tenir le secteur en aval de Tervaete jusqu’aux postes avancés de Keyem et Beerst.
C’est dans ce secteur que Félix Body passa une très longue période de la Grande Guerre et au fur-et-à mesure du temps, lui et ses compagnons d’armes se distingueront sur ce champ de bataille. La ferme Den Toren, proche de Oud-Stuivekenskerke, fut un endroit stratégique que Félix Body a bien connue.
Après 2 mois de guerre, Prosper, le frère aîné, décède le 21 Octobre 1914 à l’âge de 44 ans et nous n’avons actuellement aucune trace de son vécu…
Désormais, Joseph, 25 ans est seul pour assurer les lourdes tâches de la ferme.
24 Octobre 1914, en soirée, la nouvelle église de Oud-Stuivekenskerke flambe, le hameau est écrasé sous les ruines, deux divisions allemandes prennent position face aux défenseurs exténués, pour la plupart décimés jusqu’à Vicogne.
Den Toren fait face à l’ouragan de feu, dressée au coeur de la bataille. Sa haute flèche pointée dans le ciel ombragé par les tirs de canons semble hurler un cri de désespoir aux Alliés pour la libérer de cette torpeur. Et bientôt, les obus abattent sa pointe, l’ennemi s’est infiltré par la brèche de Tervaete.
Les Français arrivent en renfort avec les fusiliers marins, le 1er régiment d’infanterie et les chasseurs qui refoulent l’ennemi dans une furieuse bataille. Den Toren brûle…
Le matin du 26, les Allemands se réorganisent et se renforcent considérablement tandis que la petite armée belge est exténuée et à bout de souffle… C’est à ce moment que les écluses de Nieuport sont ouvertes pour appeler la Mer du Nord a envahir le bassin de l’Yser et venir au secours des défenseurs désemparés.
Mais plusieurs jours sont nécessaires pour inonder les Polders et le 29 et le 30, les Allemands déclenchent de nouvelles attaques, Ramscappelle est pris, Dixmude étouffe et Pervyse est envahi !
Le 30 Octobre 1914, à la suite d’une contre-attaque, les assaillants coupés de leurs réserves sont refoulés dans les inondations abandonnant matériel et blessés…
(Voir l’article sur Oud-Stuivekenskerke avec sa tour et les monuments du 5ème Lanciers et des bataillons de Carabiniers-Cyclistes)
Quelques lignes découvertes en 2019 sur un site de la C.I.C.R. , comité international de la Croix Rouge qui renseigne une missive constatée détruite en 1918 alors qu’elle était présente dans son carnet de guerre …