Nestor Eugène Maitrejean est né à Jamoigne, le 25 Avril 1892.
Son père se prénomme Jean Baptiste, il était cultivateur à Prouvy et sa mère Marie Françoise Protin.
Avec le matricule 2291, le soldat milicien Nestor Maitrejean est issu de la Classe 1912 et est incorporé au 6ème régiment d’artillerie, 97ème batterie en garnison à la caserne Géruzet d’Etterbeek( Bruxelles)
Selon son petit neveu, Nestor Maitrejean a participé, durant la guerre, à une formation spécifique d’artilleur durant 1 mois dans la ville d’EU ( Seine Maritime). Cette formation est centrée sur l’utilisation de nouveaux canons et obusiers de moyens calibres…
Durant la longue période de la bataille de l’Yser, le 6ème régiment d’artillerie occupe, avec la 6ème Division d’armée belge, les divers secteurs de notre front, appuyant efficacement les glorieux raids effectués par l’infanterie et méritant ainsi des remerciements officiels et flatteurs.
Grâce à l’accroissement des moyens en personnel et en matériel, le 6ème rég. d’artillerie put, le 1er janvier 1917, être dédoublé et former les 6 et 12 A.
Le 6ème rég. d’artillerie comporte à présent trois groupes : le I/6 A. (94ème, 95ème et 96ème batteries) de nouvelle formation ; les II/6 A. (97ème, 98ème et 99ème batteries) et le III/6 A. (100ème, 101ème et 102ème batteries).
C’est ainsi que nos régiments ayant continué la garde le long de l’Yser, furent engagés, comme artillerie divisionnaire des 6ème et 12ème D.I. dans l’offensive libératrice.
Le 9 avril 1918, les Allemands, arrêtés devant Amiens, déclenchent une terrible offensive sur la Haute Lys. Ils menacent les lignes de communication de l’armée belge. Les troupes, sous le commandement du général Jacques et du général Michel arrêtent 4 divisions allemandes dans la région de Langemark. Ce fut la glorieuse bataille de Merckem-Kippe.
Le 27 septembre, à l’aube, les 3 groupes du 6ème Rég. Art. sont en position au S.-E. de Pilken, les 3 batteries du II/6 A. remplissant le rôle de batteries d’accompagnement des 3 régiments de carabiniers. Dès 7 heures du matin certaines batteries franchissent le Steenbeek et à 13 heures, les I et III sont en position de tir à 2 kilomètres à l’est de Steenbeek ! Les 3 batteries du II continuent leur délicate mission et ne sont à nouveau réunies en un groupe que le 30 ! Le 2 septembre le 6 A. est à 1 kilomètre ½ à l’est de Westroosebeke.
Le 14 octobre, au matin, le régiment est en batterie près de Moorslede ; il change de position dans le courant de l’après-midi, puis, durant la nuit et à l’aube du 15, il est en position à l’est de Rumbeke près de Roulers. La progression continue et quand le 21 octobre la 6 D.I. est relevée par des troupes françaises, le 6 A. se retrouve à Wacken près de Waregem.
Les 6 A. et 12 A. sont alors donnés en renfort à d’autres Divisions d’armées belges, pour forcer le passage de la Lys et préparer le franchissement de l’Escaut
Dans la nuit du 9 au 10 Avril 1918, Nestor Maitrejean subit une lourde blessure dans le secteur de Nieuport. Transporté à l’hôpital « L’Océan » de La Panne sur la côte belge, il reçoit des soins puis poursuit une longue convalescence.
Ci-après, une photo prise en Juin 1918, à La Panne, avec Nestor Maitrejean appuyé sur une béquille à l’extrême gauche de l’image.
Le 22 Novembre 1918, soit 11 jours après l’armistice, il contracte une pneumonie et est hospitalisé à la clinique belge de la Porte de Gravelines à Calais.
Le 6 Décembre 1918, le soldat de première classe Maitrejean perd la vie et est inhumé au cimetière Nord de la ville de Calais.
Début Mai 1922, à la requête de sa famille, le lieutenant-général Richard intervient pour influencer les autorités compétentes a exhumer la dépouille mortelle pour être transportée au cimetière communal de Jamoigne… Le transfert fut organisé lors d’une cérémonie patriotique début Décembre 1922.
Article appartenant à la famille de Nestor Maitrejean et sujet à une certaine réserve soumise à l’acceptation de celle-ci .
La 100 ans : aous’ 1914
de Fernand Bonneau
Fragment du recueil;
A rwâtant mourè lès dârnîs couvats,
éd.imprimerie Collins, Charleroi, 1947.
L’auteur, Fernand Bonneau (1885-1962), fut combattant et prisonnier lors de la guerre 14-18. Il écrivit ce poème en 1922, à la mémoire de son ami d’enfance Nestor Maîtrejean (1892-1918) de Prouvy.
Ce dernier fut mobilisé en 1914 dans la cavalerie, puis passa les quatre années de guerre retranché derrière l’Yser ; blessé et malade, il n’en revint jamais ; il décéda à Calais, loin de sa Gaume natale, le 8 décembre 1918.
Lès-ôtes côps, rin k’ d’ oyè, duvant mè, mès bounes djans
Lès mots d’ galète ôs blosses, dj’ aro dansi d’ plâjé !
A c’t-eûre, n’ m’ a côsez peus, ca dju rsondje môgré mè
Ôs lârmes k’ dj’ â veû brâre a la Françoise Mâtdjan !
C’ èst eune vièye, la Françoise, eune boune vièye dud tchû nos.
D’ avwar trimé bachi su la tére tous lès djos,
Du mârs’ djusk’ a wayin, èlle è dmeuré ployîe ;
Sa figure èst plissi coume eune peume ratchitchîe
Èt lès tchfeûs ki sortant dès bôrds du s’ bounèt plat
Avant la méme couleûr k’ la çade du s’ couvat…
Coume dju rwêto lès brantches ablanci djusk’ a tére
D’ in blocî d’ Sint Lorant tout tchèrdji d’ blosses bin téres,
La vièye Françoise Mâtdjan m’ è dèt t’t-a sougloutant :
“Vla dédjè wit ans tnez !… Oui, vla dédjè wit ans !
Gn-avot dès blosses co d’ peus k’ v’ n’ a voyez aneût.
Ine anée d’ frûts coume ça, an n’ l’ è ptète jamês veû !
Cand i s’ ann-è n-alèy èt k’ i m’ è rabrèssi,
Dj’ a rporto eune djèrnèye ku dj’ vuno d’ ramassi
Pou fâre deûs trwâs galètes après ma keûtée d’ pé…
I m’ sène ku dju l’ vwa co, tnez, toula, dlez l’ hulté :
A partant, i m’ è dèt : “Wardez m’ a eune librète
Dju véra z-a rmédji, savez-v’, m’man, d’ vote galète :
An n’ su batrè-m’, tâjez, v’ vwarez, das deûs trwâs djos,
I srant co bin contants d’ nous ravouyi tchû nos…”
I n’ è jamês rvuneu !…
Dj’ â eû bé dère, bé fâre,
La vièye s’ è mins a brâre, coume lès m’mans savant brâre
Cand èles brayant leû ptèt !
“Wez-v’ bin, m’ è t-èle co dèt,
Dj’ sondje a leu tous lès djos, mês, a çute sêzon cè,
A la sêzon dès blosses, dj’ l’ â toudjos dvant lès-ûys :
I m’ sène k’ lès blossîs, nwars du blosses portant l’ dûy
Dju m’ pôve afant k’ èst voûye, pou toudjos, a m’ dijant :
“Wardez-m’ a d’ vote galète, wardez-m’ a, savez-v’, m’man !…
Lès-ôtes côps, rin d’ oyè, duvant mè, mès bounes djans
Lès mots d’ galète ôs blosses, dj’ aro dansi d’ plâjé !
A ç’t-eûre, n’ m’ a côsez peus, ca dju rsondje môgré mè
Ôs lârmes ku dj’ â veû brâre a la Françoise Mâtdjan !
Fernand Bonneau (en gaumais de Prouvy-Jamoigne)
Malêjis mots
ablanci : abaisser
blosse : prune
blossî : prunier
brâre : pleurer à chaudes larmes
çade : cendre
couvat : feu de l’âtre
djèrnèye : contenu d’une banette relevée pour former un sac
dûy : deuil
hulté : baratte à pilon
keûtée : cuisson
librète : petite quantité
Superbe présentation de mon grand-oncle ! Merci Michel Body et encore félicitations pour ce site !!!
Toute notre gratitude à André Maitrejean, Petit-neveu de son Héros, Nestor pour les magnifiques photos et précisions apportées à cette page souvenir ainsi que les implications du soldat Jules DENIL, son frère d’armes