Extrait de l’historique du 59èmeRégiment d’Infanterie en garnison à Pamiers et à Foix dans l’Ariège.
19 août.
Départ pour Pouilly à 4h. Direction Moulins.
20 août.
Repos à Moulins. De garde au poste de police. Notre section était de jour.
21 août
Départ de Moulins à 1h. Halte à Carignan à 9h.
La population semble inquiète. Des vivres sont distribués. Le chargement a augmenté ce qui ne facilite pas la marche. En fin de matinée la marche a repris. Je suis en éclaireur. Mon chef de section, Lt Guichard, guide la marche quelques pas en arrière. A chaque pause il ne cesse de me faire des recommandations. Nous nous approchons de la frontière.
A 11 heures nous passons la frontière. C’est un serrement de cœur. Nous passons à Muno sous un orage terrible. C’est la pause. D’éclaireur je deviens sentinelle. Je m’abrite avec une botte de blé. J’observe au loin. Là bas à l’orée du bois deux cavaliers ; deux estafettes. Je ne possède pas de jumelles qui seraient tant utiles : chasseurs, uhlans, rien ne permet e les distinguer. Ils ont fait quelques pas vers nous. Soudain ils font demi-tour et partent au galop. Aucun doute c’est l’ennemi. Je m’empresse d’adresser un mot au lieutenant qui peu après est près de moi. Il me rassure m’affirmant que ce sont des éclaireurs de chez nous. Il n’arrivera pas à me convaincre. Mais maintenant je suis plus sûr car je n’ai pas à craindre la surprise. L’ennemi est loin. La nuit venue je suis relevé, mais la fièvre me prend. L’orage n’a pas été favorable pour moi. Je me blottis dans la paille après avoir bu et mangé.
22 août
Nous quittons Muno de bon matin. La marche est pénible. Les chemins sont boueux. Au cours d’un arrêt une distribution de cartouches supplémentaires a lieu. Nous prenons chacun ce que nous jugeons pouvoir porter. Les cartouchières sont remplies. Une trousse sera placée dans le sac. La chaleur est à son comble. Je tombe dans le fossé. Le lieutenant prend mon sac. Le capitaine passe à cheval et le prend à son tour. Je marche près de lui. Il me conseille de ne pas rester en arrière, l’ennemi ne faisant pas de quartier aux traînards.
L’ennemi serait donc près. Ce sont donc des uhlans que j’ai vus hier. Si j’osais contredire le lieutenant. A quoi bon ! Nous avons marché à travers prés. Nous arrivons près d’un bois. C’est la halte. Chacun s’affaire de son mieux pour hâter le repos. Les feux sont allumés. Déjà l’eau bout dans les marmites. Quel bon café nous prépare notre cuisinier.
Soudain c’est l’alerte.
Le capitaine a mis ses gants blancs. Il court aux marmites. Renverse l’eau et café. Sac au dos. Dans la précipitation le capitaine a égaré mon sac.
Nous entendons l’orage. Les coups e tonnerre se rapprochent. C’est le canon. En colonnes déployées nous dévalons à travers prés en direction du canon. C’est la marche forcée. Il est environ 14 h. Peu de temps après nous abordons un bois. Un officier un bras en écharpe vient vers nous. Il est couvert de sang. Il va au capitaine en lui criant: Attention mon capitaine l’ennemi est là tout près caché dans les sapins.
Le capitaine Prudhom commandant la Cie, la 5ème lui ordonne de se taire en le menaçant de son revolver. Nous dépassons le blessé.
Notre section s’est déployée en tirailleurs, sous-lieutenant en tête. Il m’a pris comme agent de liaison je marche à côté de lui. Derrière nous section Trassoti (Lieutenant ). A droite la section du sergent major. A gauche la section de l’adjudant Roche. En face de nous un bois de sapins vers lequel nous nous dirigeons. La section de gauche l’a abordé avant nous. Elle a rencontré une haie de barbelés elle se rabat vers nous empruntant le chemin qui la borde.
Le s/Lt monte sur le chemin lorsqu’une fusillade part du bois de sapins à quelques mètres de nous. En même temps une avalanche d’obus s’abat sur la Cie. Le Lt Trassoti a été tué par un obus, l’adjudant Roché a reçu une balle en plein ventre. Je l’ai vu faire un saut en l’air d’au moins 1m,50 pour retomber raide mort. Le sergent major une balle a la tête. Mon lieutenant là devant moi en faisant le pas sur le chemin a reçu une balle au genou gauche. Je me baisse pour le panser. Laisse-moi, s’écrie-t-il, va et venge-moi. Sous le feu nourri tiré à bout portant la Cie a été touchée. A la première rafale 4 chefs de section hors de combat.
Le capitaine commande : à la baïonnette. Toute la compagnie s’élance à travers les sapins aux cris de En avants de leurs chefs de section les hommes valides ne forment qu’un groupe, menés par le capitaine. L’ennemi s’est enfui abandonnant sacs, téléphone et équipement.
Le bois de sapins est vite franchi. Un tir de mitrailleuses nous cloue au sol. La compagnie s’est mélangée aux autres unités du bataillon. Trois capitaines sont tombés. Le 1er et le 3ème bataillon sont arrêtés sur notre gauche. Soudain les clairons sonnent la charge. L’attaque est reprise. Nous avons fait un bond en avant. Une nouvelle fois nous sommes arrêtés par des mitrailleuses. Le bois nous a permis de faire face à gauche et de prendre l’ennemi de flanc.
Chassé par les autres bataillons l’ennemi traverse devant nous un grand découvert. Nos tireurs font feu sur trois et quatre rangs, couchés, à genoux, appuyés contre des arbres.
Peu d’allemands franchiront ce glacis. Ils sont pourchassés par les hommes des deux bataillons. Mais dans la fureur du combat les tireurs qui m’environnent n’ont pas aperçu les pantalons rouges. M’étant mué en chef j’ordonne le cessez le feu. Sous le crépitement je ne touche que peu de tireurs. Prenant mon fusil par le canon je tape à droite et à gauche sur toute arme qui se lève. Courant criant Cessez le feu, ce sont les nôtres. La fusillade s’arrête. Partout ce ne sont que des cris et appels au secours. Sur ce plateau la majeure partie du bataillon est couchée. En face et en contrebas ce sont les 1ère et 3ème.
Le calme s’est rétabli. Des infirmiers vont et viennent. Partout des appels. Le fossé de la lisière du bois est rempli de morts et de blessés. Pas de chef. Pas d’ordres. Que se passe-t-il. Un officier d’un régiment voisin vient vers moi. Je n’ai pas remarqué l’écusson à mon grand regret. Il me fait préciser la position du régiment. Soudain une balle siffle. A coté de sa tête ma balle a frappé l’arbre. Tous deux nous avons reçu un morceau d’écorce en pleine figure. Il me regarde et disparaît. Un homme court affolé. La journée s’avance. L’artillerie ennemie a repris son tir. C’est un barrage établi en face de nous. J’observe. Je cherche un chef a qui je puisse demander des ordres. Je m’aperçois qu’il reste peu de soldats valides autour de moi. Soudain un officier passe là tout près. Je reconnais le colonel. Où va-t-il. Il marche à droite à gauche, va de l’avant, revient en arrière. Il s’arrête. Les obus continuent à tomber en face.
Voilà le colonel qui revient. Il est là à quelques pas. Je l’observe. Il a levé les bras vers le ciel. Il a prononcé quelques mots. Il a fait deux pas en avant. D’arbre en arbre je me suis approché de lui. Il fait le même geste que tout à l’heure. Je l’entends s’écrier: Mon régiment. Mon pauvre régiment. Mon pauvre 59°. Il part. Mais où va-t-il. Je voudrais crier Mon colon el. Mon colonel. N’allez pas par là. Il se dirige vers le tir de barrage. Il va sous les obus allemands. Un obus tombe près de lui. Il chancelle. Il tombe. Il est mort. Des officiers prévenus accourent. La nuit tombe. Un brancard est improvisé.
Les officiers se concertent. Au loin des incendies s’allument. L’Allemand recule. Partout à l’horizon des flammes montent. C’est sous ce rougeoiement qu’il est décidé d’emporter le corps du colonel au village de … Je n’entends pas le nom. On a enlevé les papiers au colonel, ses armes. Un officier me donne à choisir ou son revolver ou sa jumelle. J’opte, en la circonstance, pour le revolver. Le corps est emporté. Un lieutenant est là. C’est le lieutenant d’Aram ; Il regroupe les hommes valides présents. Avec lui deux sous-officiers. Il nous forme en carré pour passer la nuit. Nous nous comptons : 183 tel est le dernier nombre prononcé. Les blessés, les mourants se sont-il comptés avec nous. Nul ne saura jamais le nombre qui demain auront à suivre ou pourront suivre le lieutenant d’Aram.
Nous savons qu’au petit jour l’ennemi contre-attaquera. Le bruit des voitures toute la nuit nous le laisse prévoir. Probablement des ambulances, en partie pour relever les blessés. Car nos coups ont du porter. Notre artillerie n’est pas restée inactive. A la lueur des incendies nous organisons la surveillance de nuit. De tous côtés des appels nous parviennent. Au secours. Ce sont des noms de femmes qui nous parviennent. Très souvent d’autres voix appellent: Maman. Des râles de tous côtés. Près. Plus loin. Nous sommes impuissants à porter secours. La fatigue nous domine. Certains d’entre nous finiront par s’endormir.
Avant le petit jour le Lt a organisé a défense. Nous sommes alignés contre le talus à la lisière d’un champ dont la récolte est en gerbes. A côté de nous plusieurs fusils et de gros tas de cartouches ramassées sur les morts. Nous avons promis de les venger. On entend encore quelques appels qui s’espacent de plus en plus. Tout à l’heure à l’aube je suis passé près d’un blessé qui me tend son quart. Il demande à boire, c’est un Allemand, blessé, enveloppé dans sa capote recouvert d’une toile de tente. Il n’aurait pas remué je n’aurais pas pu l’apercevoir. Sa tenue se confond avec le sol. Ayant fait provision d’eau en faisant provision de cartouches je pus lui donner à boire. Je m’approchais de lui et lui remplissais le quart. En bon français il me dit Merci. Le Lt et les deux S.off sont partis en reconnaissance. Le jour se lève. Devant nous du bruit. Les sentinelles se sont repliées. nous ne voyons qu’à quelques mètres devant nous. En passant, elles nous signalent du fil de fer étendu devant nous à travers le champ d’avoine non encore coupé. Soudain, là devant nous à quelques pas l’avoine s’agite. Il y a des corps qui rampent vers nous sur notre gauche la fusillade a commencé. La reconnaissance est sûrement prise à partie. Les ombres se lèvent, foncent vers nous. Nos fusils chargés crachent. Sans trop voir toute la ligne a ouvert le feu. La fusillade s’étend au loin vers la gauche. Nous tirons toujours. Tous les fusils sont chauds. Le tas d’étuis vides grandit. Devant nous maintenant dans la fumée vague sur vague se succèdent, car l’avoine n’est plus. Le champ de tir s’est ouvert. Une accalmie. Car en face ce ne sont plus des hommes qui rampent mais des masses immobiles. Au loin des cavaliers se déploient. Nos fusils sont approvisionnés prêts à les recevoir comme nous avons reçu l’infanterie toute la matinée. Ils s’approchent trop loin pour ouvrir le feu. Ils ont pris le galop. Un nuage s’élève. Le moment est venu. La faucheuse passe dans les rangs des cavaliers. Un seul arrivera à franchir notre ligne. Il n’ira pas loin. Je l’ai vu culbutant avec son cheval. Tout le reste en face semble démonté. Les chevaux courent de tous côtés. Le calme se fait. La plaine s’éclaircit. Là bas au loin nous apercevons de l’artillerie descendant vers nous. Elle stoppe dans le bosquet. Que se prépare-t-il. Un caporal observe. Ca c’est pour nous, prononce-t-il. Tant pour si peu. Combien sommes nous pour faire face à ce qui se prépare. Nous les avons comptés : six canons se sont alignés.
Un sifflement déchire l’air suivi d’une salve d’explosions. Nous apercevons les feux des six bouches qui devant nous sont alignées et continuent de nous couvrir de feu et de fumée. Tantôt devant tantôt derrière. Dans la fumée nous ne voyons plus rien. Derrière nous des gerbes brûlent. Soudain un cri retentit. Sauve qui peut. Est ce un ordre. Est ce un cri de peur de désespoir. Qui a pu crier ainsi. La ligne se dégarnit. Le repli des survivants semble se faire vers la gauche. Dans la fumée je ne distingue plus rien. Seule une rangée de gros arbres sur la droite. C’est par-là que le colonel est tombé hier.
Je me risquerai de ce côté. Courant d’arbre en arbre entre deux rafales d’obus. C’est par salve que l’ennemi continue son tir. J’ai parcouru quelques centaines de mètres. Je suis hors de la fumée. Je vois de nouveau la flamme des canons. Je suis en dehors de la zone de tir. J’observe : rien. Je m’oriente sur le soleil. Je prends le pas de course. Je suis seul. J’aperçois des morts. Des allemands. Des soldats du 59. Là pas loin un blessé. Il m’a aperçu. Il rit. En courant je passe à côté de lui. J’en suis à quelques pas. Un sifflement à mes oreilles. Un deuxième. Je me retourne. Du tas gris j’aperçois encore fumant un canon de revolver. C’est le blessé à qui j’ai donné à boire. L’Allemand qui cherche à m’atteindre. Je m’arrête en me retournant. Je pourrais car je suis hors de portée de son arme je pourrais. Non c’est un blessé.
Il y a peu de jours que le capitaine nous recommandait de respecter les blessés. Le canon tire toujours je suis toujours seul. Je traverse le coin où une partie du régiment est étendue. Des caisses de bandes de mitrailleuses. Des bicyclettes que les obus ont émiettées. J’en aperçois une pouvant rouler. Je la prends. Que vais-je en faire. Fusil en bandoulière je monte à califourchon à travers la forêt laissant derrière moi la canonnade. Je roule maintenant sur un sentier en pente. J’ai réussi à accrocher les pédales afin de ralentir. Partout débris de toutes sortes : havresac, fusils, cartouches, pansements, vestes, capotes. Je passe à côté d’un blessé que je reconnais pour être du bataillon et qui me crie : tu t’en vas, tu me lâches. Je m’arrête. Je fais demi-tour et vais vers lui. Il a un pied brisé. Par quoi il ne le sait pas. Un gros pansement entoure le pied. C’est un mitrailleur cycliste. Je ne peux le porter. Rester. Je ne lui suis d’aucun secours. Je lui propose la bicyclette. Il accepte. Je le monte dessus. Pédalant d’un pied je le vois s’éloigner. C’est donc à mon tour de rester. Là tout près un ruisseau. Non loin des havresacs. Certains ont déjà été fouillés. De l’un sort ne bouteille. Je la prends. C’est une bouteille de rhum. D’un autre un sachet de sucre. Je mets les deux à contribution et me dirige vers le ruisseau. Je bois eau sucrée, rhum au sucre. Ma soif étanchée je cherche quelqu’un qui pourrait me dire où je suis et où je dois aller. En face un bois je m’y dirige. Plus loin un village. Là je pourrais obtenir des renseignements. En l’abordant j’entends des coups de feu. J’aperçois des femmes et des enfants courant vers moi. Je croyais que c’étaient des hommes du régiment qui se battaient. Ces femmes m’annoncent que ce sont les Allemands qui tirent sur la population. Pas loin une cave. Elles s’y précipitent , veulent m’entraîner avec elles. M’obligent à aller m’abriter. Elles s’enfuient vers le fond de la cave qui m’apparaît immense. Je remonte l’escalier. Là bas les coups de fusil continuent. J’aperçois pas loin un chemin en pente menant vers un bois. Je cours vers le chemin. Une salve partant de je ne sais où m’encadre. C’est bien moi qui suis visé car les pierres du chemin voltigent autour de moi. Je saute dans le bois. Sauvé. Pour rester orienté, je longe le chemin. Pas loin un blessé chemine s’appuyant sur un bâton. Je reconnais le caporal Rendu qui le pied traversé par une balle se dirige vers Sedan. Il m’apprend que je marche sur les traces du régiment qui hier soir après la mort du colonel a reçu l’ordre de se retirer en arrière.
Je laisse Rendu à son sort. Plus loin j’aperçois un bâtiment. C’est une gare. Les alentours regorgent d’hommes. Des blessés. Des hommes armés. Pas de gradés. J’apprends qu’un train vient de quitter la gare et doit revenir. Je leur raconte tout ce que je viens d’apprendre dans le village tout proche. Aucun ne veut partager mon idée: continuer à pied à travers bois en direction de Sedan. Je m’oriente (sans boussole) et je continue longeant la route. Là à quelques pas soudain des cavaliers. Des uhlans. Ils sont cinq. Ils me demandent où je veux aller. Je n’en sais rien. Ils m’arrachent mon fusil. Le jettent à travers bois. M’invitent à m’éloigner vers une direction qu’ils m’indiquent et repartent au galop Dès qu’ils se sont éloignés, je vais rechercher mon fusil. Je continue à travers bois. La fatigue me gagne. Je m’abats au pied d’un arbre et m’endors.
Un bruit déchire l’air. Avec fracas des branches s’abattent sur moi et me réveillent. A travers bois je poursuis mon chemin. J’ai récupéré un havresac. Il est presque vide. J’ai encore une provision de cartouches que j’ai récupérée également en route. Parfois je me retourne : est-ce que les uhlans ne vont pas réapparaître. Dans le bois j’ai cru entendre parler. J’écoute. Ce sont des plaintes d’hommes. J’accélère pour les rattraper. Ils sont une trentaine de blessés dont le commandant du 1er bataillon. Il a un bras en écharpe et marche difficilement. Je suis le seul fusil. Je ne suis pas blessé. Je conserverai mon fusil. Avec une grosse branche nous confectionnons un brancard pour essayer de porter le chef de Bataillon qui marche très difficilement. Il a d’autres blessures qu’au bras. Nous arrivons à la lisière du bois. Le Cdt m’envoie en reconnaissance. J’observe. Il y a devant moi un petit ravin. De l’autre côté des champs non moissonnés. Je vois un détachement ennemi se déployer en tirailleurs le long du champ. Ils ont du avoir connaissance de notre approche. Pour descendre le ravin les prés sont fermés de fils de fer barbelés. Je reviens en arrière j’en fais part au commandant. Il cherche à me rassurer car il a compris que j’hésitais à franchir ce passage. Je lui montre où l’ennemi est caché. Ce n’est rien me dit-il. Marche tout droit. Fais-nous un passage. Mon fusil d’une main, une pelle bêche de l’autre je me dirige vers le premier fil de fer, sachant que d’un moment à l’autre une balle m’atteindra. J’aborde le fil de fer. D’une main ferme j’en brise un. A l’autre. Au troisième. Rien. Sans hâte je me dirige vers l’autre rangée au bout du pré. De la même façon que la première j’ouvre une autre brèche. Je suis dans le ravin. L’ennemi. Je le sais en face dans la remontée. J’oblique vers la gauche car j’ai aperçu un chemin encaissé. Le groupe de blessés a débouché du bois commandant en tête. Ils sont à la première brèche. Soudain une rafale de balles me cloue au sol en plein marécage. Au premier bond je suis dans le chemin creux. Le groupe de blessés s’est dispersé à travers les prés. J’entends des cris. L’ennemi tire sur eux. Les balles me poursuivent. Dans le chemin creux je rampe. Je suis protégé par le talus. J’accélère la marche. Je suis loin. Je ne peux rien pour les blessés. Seul fusil je ne peux pas penser à combattre. Deux heures après environ je rencontre un autre blessé du régiment. C’est Brunet, un homme du 1er bataillon. Il a reçu une balle dans le bas ventre. Il s’appuie sur deux branches et marche difficilement. Je lui raconte la sortie du bois et lui indique ou se trouve son chef de bataillon. Il ne savait pas qu’il avait été blessé.
Je marche, seul je continue. Le panneau indicateur indique Bouillon. La nuit tombe; Je croise un régiment le 65°. Un capitaine me questionne. Mon régiment s’arrête tout près de là. Il m’engage à les suivre. C’est la pause. Beaucoup d’hommes m’entourent. M’apportent la soupe. Du café. Le 65° campe. Je me trouve incorporé avec ce régiment qui monte en renfort. On m’a apporté une brassée de paille. Je m’endors profondément.
Bonsoir.Un très beau texte a lire vraiment avec passion,et ce que ces hommes ont du endurer personne ne peut s’imaginer .Comment peut on savoir la suite.?