S T O C K E M
7 août 1914
Le 7 août, le 2ème demi-régiment du 2ème Hussards (Colonel GOUZIL) appuyé par une section cycliste était envoyé d’ETALLE sur ARLON pour reconnaître les forces ennemies signalées dans la région.
Sur la route, quelques patrouilles ennemies sont aperçues à la lisière des bois.
Le 4ème escadron (Capt de PIMODAN) fait l’avant-garde.
Au pont du chemin de fer (800 m à l’ouest d’ARLON), le détachement s’arrête, recueille un escadron du 28ème Dragons rentrent d’une découverte à l’est d’ARLON.
Le détachement stationne environ 2 heures sous une pluie battante. Le Lt d’ORGEIX, malgré la proximité de l’ennemi va passer une demie heure au téléphone d’ARLON pour transmettre les renseignements recueillis par le 28ème dragons et ceux des habitants. Le SLt de ROLLAND patrouille dans ARLON.
Une auto postale, portant l’estafette du colonel GOUZIL vint lui rendre compte qu’elle avait fait demi-tour devant une auto allemande qui revient sur ARLON accompagnée d’un escadron après s’être butée à VANCE sur le peloton de BOUGLON appuyé d’une section cycliste, qui lui ont causé quelques pertes. Le colonel GOUZIL se décide à replier son détachement vers l’ouest. Le 4ème escadron forme l’avant-garde.
À STOCKEM, le peloton de pointe est avisé par les habitants de la présence des Prussiens, ses éclaireurs sont accueillis par des coups de feu. Le capitaine de PIMODAN divise ce peloton (SLt CHOISY) en patrouilles pour reconnaître l’ennemi, l’une d’elle croise l’auto qui quittait la grande route et se jetait dans un chemin menant de l’ouest de STOCKEM vers le sud de la cote 430 (Montagne de STOCKEM).
Quelques cavaliers ennemis sont signalés, au sud de STOCKEM, au colonel GOUZIL qui détache dans cette direction le peloton de ROLLAND ; peu après, la force de l’ennemi étant évaluée à l’escadron, le commandant DUROSOY y envoie successivement les pelotons LEFEVRE et BILLOT. Le Lt d’ORGEIX, en surnombre à l’escadron part avec ce dernier puis rejoint le peloton de ROLLAND.
À 800 mètres au sud de STOCKEM, ne voyant rien, le Lt d’ORGEIX (le plus ancien) prend la décision de rassembler les 3 pelotons. Ses gestes ne sont pas compris. À cet instant 2 éclaireurs apercevant les Prussiens font des gestes d’appel. Les pelotons se dirigent sur eux chacun pour son compte.
Le lieutenant d’ORGEIX apercevant à son tour les Prussiens crie « en avant » et se précipite sur eux. Le peloton de ROLLAND le suit, le peloton LEFEVRE se jette à sa gauche, le peloton BILLOT à sa droite.
Les prussiens blottis à côté de l’automobile, le long d’un bois (Bois de STOCKEM) au pied de la hauteur 430 font face et ouvrent le feu (carabines et révolvers) sur les pelotons.
Le lieutenant d’ORGEIX est déjà au milieu d’eux, les 3 autres officiers et 5 ou 6 cavaliers le suivent de près, le reste des pelotons désunis par le train et le terrain accidenté charge à une trentaine de mètres derrière.
Il n’y a réellement pas de choc général. Une quinzaine de cavaliers français et prussiens roulent à terre. Les officiers prussiens font bravement face et vident les chargeurs de leurs pistolets tandis que leur troupe se débande.
Le gros de l’escadron français (LEFEVRE) reste à tournoyer autour de l’auto prussienne. Le Lt d’ORGEIX avec de ROLLAND suivis d’une dizaine de cavaliers se jettent à la poursuite d’un gros de l’escadron prussien (2 pelotons) qui après avoir longé le bois le nord ouest ont brusquement tourné à gauche, le Lt BILLOT a pris comme objectif un groupe d’officiers et de Meldereiter qui se replient sur un bois situé à 500 m plus au nord dans la direction de STOCKEM et s’enfuient soit dans les bois d’où il recommencent à tirer (1) soit dans les tourbières entre les bois et STOCKEM.
Dans la patrouille, les Prussiens se défendent à peine. Seuls 3 officiers et 4 ou 5 cavaliers favorisent la fuite d’un officier décoré et échangent quelques coups de sabre avec les hussards français, ils restent sur le terrain.
Le Lt d’ORGEIX se voyant presque seul à 500 mètres du lieu de l’abordage commande ralliement dans les environs de l’auto ; il est rejoint par la majeure partie des pelotons de ROLLAND et LEFEVRE. À 300 m plus au nord le Lt BILLOT ne peut regrouper que 7 ou 8 hommes, une vingtaine de cavaliers (adjudant GOUFFIER), entraînés par l’ardeur de la poursuite, ne peuvent se dégager que très difficilement des fils de fer et des tourbières de STOCKEM où ils ont été s’enliser.
À cet instant le colonel GOUZIL arrivait sur la hauteur sud de STOCKEM avec le reste du détachement et se portait sur le lieu de l’engagement.
Le maréchal des logis DUFFAUT tombé dans l’abordage et blessé de 2 coups de révolvers par des Prussiens démontés se soulève pour crier « Vive la France » et indiquer dans les bois des Prussiens qui s’y sont réfugiés. Le colonel GOUZIL et quelques sous-officiers tirent des coups de révolvers sur les fourrés.
On recueille des épaves, on ramasse les blessés et des chevaux prussiens. Dans l’automobile un officier prussien expirant (major von der GOLZ), des ballots de cartes et de papiers.
(1) Ce sont les chasseurs cyclistes qui avaient ouvert le feu sur la mêlée
Il est impossible de remettre l’auto en marche. Le colonel GOUZIL ne voulant pas s’attarder dans cette souricière, le voisinage d’une brigade ennemie étant signalée, prend la décision de replier son détachement après avoir incendié l’auto.
Pendant ce temps le peloton CHOISY recueillait des chevaux échappés, le capitaine commandant l’escadronenne 4/7 Jäger au pferd venait tomber mort devant le capitaine de PIMODAN.
L’escadron de PIMODAN avait perdu le maréchal des logis DUFFAIT blessé qui pût être ramené à cheval et le cavalier LAMY, quelques égarés rejoignirent dans la nuit à TERME, seul le réserviste GINCREY démonté disparut, 3 ou 4 cavaliers étaient légèrement blessés.
Les débris de l’escadron prussien 4/7 Jäger au pferd rentrèrent à la nuit à ARLON complètement démoralisés, ils déclarèrent que la journée leur avait coûté 83 hommes (1).
Le détachement prussien, qui semblait être un centre de renseignements, avait perdu 3 ou 4 officiers dont le major von der GOLTZ. Un général qui se trouvait avec les détachement aurait, paraît-il, été tué plus loin d’une belle au front (2).
On avait recueilli sur le terrain des casques et armes d’officiers d’état-major et de différents corps qui avaient pris part à l’affaire (3).
La nécessité de replier le détachement français avait permis d’échapper à 30 ou 40 Prussiens démontés restés blottis dans les bois.
Signé (4) : F. de PIMODAN CHOISY BILLOT H. de ROLLAND
LEFEVRE d’ORGEIX
Copie conforme, le 25 avril 1931
(1) Renseignements donnés par les Belges d’ARLON
(2) Renseignements de prisonnier. Il doit s’agir du major von der GOLTZ « generalslabsofficer »
(3) Ceux de von der GOLTZ, des lieutenants de l’escadron de chasseurs et de Meldereiter pris pour des cuirassiers
(4) Le récit fut établi et signé le 8 août 1914
Nous remercions Mr Jean Crepin pour ses précieuses propositions qui animent notre site « souvenirs »