Le 16 Mars 1882 naquit Edmond RENAULT dans le village de Vresse sur Semois.
Son père Emile Joseph est décédé en 1910 et sa mère Julie Roland est domiciliée à Vresse s/Semois..
Edmond à sept frères et soeurs, il épouse Marie Lucienne Adrienne Bodet le 27 Avril 1912 à Houdremont ou ils prennent domicile.
Issu de la classe de miliciens 1902, Edmond fait son service au 13ème de ligne à Namur.
Avec le début de la Grande Guerre, Edmond est en poste au 13ème régiment de forteresse sur la ligne de défense des intervalles des forts de la ceinture de Namur. Le 22 Août 1914, le 13ème de ligne bat en retraite et de nombreux effectifs du régiment sont faits prisonniers et dirigés vers les camps en Allemagne.
Actuellement, on ne connait rien de sa captivité.
Il décède peu après l’armistice, le 1 er Décembre 1918 dans l’infirmerie de Eschwege, Göttingen.
Paroles d’un Poilu, homonyme de Edmond Renault, en captivité durant 4 années également et blessé grièvement le 22 Août 1914
Fils d’une lavandière et d’un manouvrier, Désiré Edmond RENAULT était né le 12 mai 1891 à Esmans, dans le canton de Motereau en Seine-et-Marne. Il était pâtissier et fut mobilisé alors qu’il allait achever son service militaire qui avait duré trois ans. Il appartenait à la 10 compagnie du 77e régiment d’infanterie. Grièvement blessé le 22 août 1914, il resta quatre ans en captivité. Après la guerre, les séquelles de ses blessures l’empêchèrent d’exercer son métier, et il ne retrouva pas sa fiancée qui après sept ans d’attente avait perdu patience. Il devint garde champêtre et grainetier.
22 août 1914
Combat commencé au point du jour. Toute la journée je me bats, je suis blessé très légèrement une première fois, une balle traverse mon sac placé devant moi, me blesse à la main, perce ma capote et m’éraflela poitrine. Je prends cette balle que je montre à un camarade, Marcel LOISEAU, et je la mets dans mon porte-monnaie. Je continue le combat lorsque mon camarade LOISEAU est atteint à la jambe. Je vois aussi mon lieutenant tomber, traversé par une balle. Le combat continue ; une grande quantité de mes camarades sont couchés, morts ou blessés autour de moi. Vers les trois heures de l’après-midi, alors que je suis en train de tirer sur l’ennemi qui occupe une tranchée à 200 mètres de moi. Je suis atteint d’une balle au côté gauche ; je ressens une grande douleur, comme si on me brisait les os. La balle m’a traversé dans toute ma longueur, en passant par le bassin et s’est logée au-dessus du genou. Aussitôt, je ressens une grande souffrance et une fièvre brûlante.
Les balles continuent à pleuvoir autour de moi ; je risque d’être de nouveau atteint ; je fais donc tout mon possible pour me traîner dans un trou. J’ai bien du mal à m’y blottir. Le combat est terminé. Tous mes camarades ont battu en retraite et nous, les blessés, nous restons abandonnés, sans soins, mourant de soif.
Quelle affreuse nuit !
Rien que la fusillade, car à chaque bruit que fait un blessé, la fusillade reprend au beau milieu de la nuit. La mitrailleuse balaie le terrain. Les balles me passent par-dessus la tête mais elles ne peuvent plus m’atteindre dans mon trou. La soif me torture de plus en plus. J’arrache des poignées d’avoine que je mâche.
Le canon ne cesse de gronder car les Allemands bombardent la ville de Longwy.
La nuit s’avance. Comme je souffre ! Je pense alors à mes parents, surtout ma mère, comme quand j’étais malade et que j’étais tout petit, et je ne suis pas le seul à penser à ma mère car j’entends les blessés et les mourants appeler leur maman.
Enfin, la nuit s’achève. Le petit jour commence à paraître. Soudain, j’entends le pas des chevaux et un peu après, je distingue deux cavaliers allemands. Ils sont à quatre cents mètres de moi. Plusieurs blessés les appellent et leur demandent à boire. Je n’ose plus bouger de mon trou. La matinée me semble bien longue. Je souffre toujours de la soif… Souvent, je sors la tête de mon trou pour voir s’il ne vient pas des personnes pour nous ramasser, mais je ne vois toujours rien. Une nouvelle torture vient aussi s’ajouter aux autres : depuis que le soleil s’est levé, les mouches, attirées par l’odeur du sang, s’acharnent après moi. Elles sont si méchantes que je ne peux m’en débarrasser.
Vers deux heures de l’après-midi, j’entends un bruit près de moi. Il me semble qu’un homme se traîne. Je veux lever la tête pour voir mais je n’y peux parvenir. Je suis trop faible mais le bruit se rapproche et arrive près de moi.
C’est un blessé qui se traîne sur le champ de bataille pour chercher à boire dans les bidons des morts car il meurt de soif. Je reconnais en lui un camarade dde la 11ème compagnie. Blessé au pied, il se couche près de moi. Je suis bien content d’avoir un compagnon, depuis si longtemps que je suis seul…
Il me raconte qu’il a assisté au tir du point du jour. Il en est encore épouvanté? Nous passons ensemble plusieurs heures quand soudain mon camarade me dit qu’il voit plusieurs personnes. Il se met à genoux et les appelle de toutes ses forces. Elles ont entendu et viennent à nous. Ce sont des jeunes filles de la Croix-Rouge et deux infirmières emportent mon camarade. Les jeuens filles me prennent par les bras et les jambes et veulent m’emporter, mais les coups de fusil éclatent car ils ne veulent pas que les infirmières me ramassent. Comme je crains de les voir blesser, je les prie de m’abandonner, mais elles ne veulent pas. Elles m’emportent. Quelques minutes après, je suis en sûreté, à l’entrée de Longwy, l’on m’installe dans une automobile qui m’emporte à l’asile Marlame qui est un orphelinat où plusieurs salles ont été aménagées pour recevoir et soigner des blessés. Une bonne soeur me fait mon pansement, avec beaucoup de soin. Comme je souffre beaucoup, le docteur me fait une piqûre de morphine.
Un prêtre aussi vient m’encourager.
Je passe une bien mauvaise nuit, le canon qui ne cesse de gronder et les obus qui éclatent très près me font bien souffrir. Les infirmières, les infirmiers et les soeurs nous soignent avec beaucoup de dévouement jour et nuit.
Lorsque le 25 août, à midi, un obus vient tomber dans la salle. Personne ne s’y attendait. Il fait donc un affreux massacre.
La soeur supérieure est atteinte en pleine poitrine. Deux infirmiers, deux soignés, plusieurs infirmières sont tués net. Dans leurs lits, plusieurs de mes camarades sont blessés. D’autres obus continuent à éclater. C’est une épouvantable panique. Les infirmiers, les infirmières et les moins blessés se sont réfugiés dans une cave.
Seule, une brave soeur est restée avec nous. Les obus continuent à tirer sur l’asile. La brave soeur, toute seule, ne peut nous transporter. Elle va dans la cave chercher des infirmiers mais elle ne peut les décider à venir à notre secours. Seul, le vieux jardinier et une petite infirmière viennent nous chercher. Un par un, ils nous descendent dans la cave.
Mon tour arrive mais ce n’est pas un transport bien facile. Il faut que la brave soeur et le vieux jardinier aient bien du couarge. Ils m’ont installé sur une chaise et, par-dessus les corps des morts qu’il faut enjamber, les murs écroulés, les débris de toutes sortes.
La brave soeur qui m’a sauvé veut retourner dans les salles. Un blessé est resté dans son lit et va périr écrasé sous les éboulements. Les femmes et les enfants ne veulent pas la laisser sortir de la cave car c’est aller à une mort certaine. Et puis, ils lui disent que c’est un Allemand. “C’est un homme,” répond la brave soeur et elle sort ,suivie du vieux jardinier; Quelques instants après, elle redescend. Elle porte courageusement avec le jardinier, son lourd fardeau. Le malheureux est sauvé. Mais il était temps car tout croûle au-dessus de nous. Une minute de plus, la brave soeur la brave soeur et le vieux jardinier étaient victimes de leur dévouement.
Pendant plusieurs heures qui nous semblent des siècles, nous restons dans cette cave qui, heureusement pour nous est très solide.
L’on entend la prière car dans ce terrible tombeau, tout le monde prie.
Ma blessure me fait souffrir car le transport m’a fait bien du mal. Je vois que tous mes camarades souffrent beaucoup aussi car la fumée de la poudre vient par moments nous asphyxier à l’envi […] Sur le soir l’on nous apprend une horrible nouvelle : au-dessus de nous l’asile brûle. Les obus ont mis le feu.. C’est un véritable brasier. Puis le feu tombe par les soupiraux et enflamme la paille sur laquelle nous sommes couchés. Alors, c’est un véritable sauve qui peut : les femmes, les enfants et les moins blessés se sont enfuis et moi qui ne peux faire un mouvement, je reste abandonné avec plusiueurs de mes camarades, le feu se rapproche de nous. Alors, je me traîne jusqu’au bas des marches. Mais quelle souffrance j’ai endurée ! Je crache du sang à pleine bouche. Enfin, plusieurs hommes et des soldats arrivent. Un jeune homme me charge sur son dos et me sort du brasier avec bien des difficultés car l’entrée est à-moitié obstruée par les décombres tout tout embrasés. Enfin, nous voilà sortis. Nous sommes à 100 mètres à peu près de l’asile tout en flammes, lorsqu’un obus passe au-dessus de nos têtes en sifflant ; il va éclater devant l’asile. L’explosion a fait rouler mon sauveteur qui se relève et s’enfuit malgré mes supplications de m’emporter. Mais il n’entend rien. Il court à toute vitesse. Je suis encore abandonné couché dans un ruisseau.
Tout autour de moi, je ne vois que des maisons en flammes. Par instants un obus éclate dans ces brasiers et projette le feu à une très grande distance.
Je ne suis pas très longtemps là ; à peine un quart d’heure. Je vois passer un homme en courant. Je l’appelle : il vient à moi, me charge sur ses épaules et m’emporte.[…]
L’hôtel où m’a apporté ce brave est un hôtel thermal transformé en ambulance de la Croix Rouge. Là, plusieurs obus sont tombés donc tous les blessés sont dans les caves. Le bombardement continue jusqu’au lendemain à 2 heures de l’après-midi. Le fort est complètement démoli. L’hôpital de siège aussi. La garnison ne peut plus résister. Elle a courageusement lutté jusqu’au bout. Le bombardement ininterrompu a duré 6 jours et 5 nuits. Le commandant fait hisser le drapeau blanc. Les larmes aux yeux, il rend la place qui n’est plus qu’un monceau de ruines. Pas une maison ne reste là où s’élevait quelques jours avant, la belle ville de Longwy.
C’est un grand soulagement pour nous, pauvres blessés. Les braves soeurs, les infirmiers et infirmières remontent les blessés des caves et les installent dans les salles du magnifique hôtel. Les docteurs nous font nos pansements. Nous en avons bien besoin car depuis plusieurs jours, cela ne leur était pas possible.[…]
Lorsque les Allemands nous prennent pour nous emmener prisonniers dans leur pays, tous ces braves gens pleurent. J’ai le coeur bien gros de quitter la France.
Les Allemands nous emmènent à la gare. Bien des braves gens nous apportent leurs dernières douceurs et leurs encouragements.
Je suis installé dans un wagon à bestiaux, couché sur un peu de paille et le train part lentement au milieu de la foule qui pleure […]
Désiré