« Me serait-il possible de dire un jour sur la tombe de ses parents que leur fils dort auprès de ses frères d’armes et qu’il n’est pas comme disait sa mère « tout seul comme un chien ».
22 Août 1914
Tandis que la colonne de droite et la colonne du centre du 17ème Corps d’armée français se dirigent sur Herbeumont, Cugnon et Bertrix pour participer à la bataille de Luchy, la colonne de gauche composée de la 67ème Brigade du général Dupuis progresse vers JEHONVILLE. Elle doit coopérer avec la 66ème brigade pour la prise d’Ochamps à l’Ouest du champ de bataille de la forêt de Luchy.
Mais déjà l’un des régiments, le 14ème, se trouve fortement aux prises à la lisière du bois d’Anloy avec un ennemi solidement retranché. Il ne peut progresser, faute de ne pas être soutenu par l’artillerie de soutien et sa position est insupportable et fortement meurtrière. Le 83ème subit une situation identique et une retraite des troupes est inévitable. Mais voilà que le lieutenant-colonel de Resseguier, commandant le 83ème, ramène au feu ses valeureux soldats, sortis du combat.
La brigade perd, ce jour, 13 officiers et 525 soldats et sous- officiers.
Le général Poline, commandant le 17ème corps avait, dès 11h00, établi son poste de commandement au croisement du carrefour de « La Flèche » Il va constater amèrement le lourd échec et la débandage des troupes devant l’ennemi qui n’entreprend pas de les poursuivre dans la soirée de 22 Août…
Le soir du 22 Août, le gros des troupes françaises quitte Jéhonville et se retire vers Offagne. Quelques groupes isolés se sont dissimulés dans les bosquets et partent le 23 à l’aube. Quelques coups de feu crépitent au cours de cette retraite de la part de ces groupes de soldats français, restés dans le bois de Géronday, entre Sart et Framont. Pendant la bataille, 3 obus allemands, tirés du bois de Luchy, tombent à Acremont. Parmi les 60 soldats français tombés au village de Jéhonville se trouvent le colonel DARDIER, le lieutenant de MONBILLET et le deuxième classe Marius PREVOT…
La dépouille du colonel DARDIER repose à la nécropole de Bellefontaine située à 42 Km de Jéhonville.
D’autres frères d’armes du 83ème régiment d’infanterie reposent également dans la nécropole de Bellefontaine située au cœur des Ardennes belges. Voici quelques 38 noms provenant de JEHONVILLE présents parmi les nombreuses croix;
soldat AMILHAT, soldat BARRERE, soldat BIREBENT, soldat BOUBES, soldat CADEOT, soldat CALLAS, soldat CAZE-MATOCQ, soldat DELBES, soldat DOMENEZ, soldat DORIGNAC, soldat DUSASTRE, soldat EL BAZ, sergent ESQUIROL, soldat ESTANTAU, caporal FAURDESSUS, soldat FAUROUX, soldat FAZEUILHE, soldat KORCHIA, soldat LAPEYRE, soldat LARREYA, soldat LAURENS, soldat LAVIE-BARON, soldat LEES-MELOU, soldat LORT, soldat MENVIELLE, soldat NIOLET, soldat PEDELAHORE, soldat PRAT, soldat PUJOL, soldat RAYNAUD, soldat SIERE, soldat SOULA, soldat SOUM, soldat SOURT, soldat TOULOUSE, soldat TOUZET, soldat TREY, soldat VERGNES.
Nécropole franco-allemande de Bellefontaine dans les Ardennes belges située à environ 40 km de Jéhonville.
Commémorations au monument aux morts de Mazères s/Salat en Novembre 2009 ( photo extraite de La DEPECHE du 16 Nov.2009)
Extrait du Livre d’Or des enfants du Lot& Garonne morts pour la France, publié en 1931
« Ce qui demeure incontestable, c’est la vaillance de nos soldats.
Si le courage seul avait décidé de la victoire, ils auraient été vainqueurs, car ils affrontèrent la mort avec autant d’enthousiasme qu’on en eut jamais pendant la guerre.
A ceux qui en douteraient, je conseille de parcourir en pèlerinage pieux les trois cimetières de la forêt de Luchy et les trois cimetières d’Anloy.
Ils y trouveront, groupés dans le silence mélancolique des grands bois de pins, plusieurs milliers de tombes françaises. Quelques cadavres ont été identifiés; mais c’est le petit nombre. Enterrés d’abord au lieu même où ils étaient tombés, sur tous les points de la campagne, les cadavres furent exhumés par les Allemands en 1918 et placés dans six cimetières communs, où se trouvent d’ailleurs des soldats allemands. Les Allemands auraient peut-être relevé les noms, mais l’armistice arrivé, les Allemands partirent et les tombes restèrent muettes. Une simple indication: Soldats français.
La piété des Belges ne les a pas oubliés. Chaque année, au jour des Morts, les habitants des communes voisines viennent prier sur les tombes de nos camarades. Ils ornent leurs tombes. Ils ont gravé sur un monument de pierre une inscription relatant leur héroïsme.
Et c’est ainsi que bien loin du midi, il y a un coin de terre belge qui affirme au regard des passants le courage de nos soldats. Nos camarades dorment là où ils sont tombés sur ce sol de Belgique qu’ils avaient défendu. Leur cimetière, un peu solitaire, les garde sous le signe des mêmes espérances. Cette solitude même est évocatrice de leur noblesse d’âme. Ils nous ont donné pendant la guerre le premier exemple de courage et d’abnégation totale. A ce titre, ils doivent nous rester particulièrement chers. »
Une explication avec l’aide d’une coupure de journal publié en Mai 1926
Comment comprendre que des dizaines de soldats du même régiment se retrouvent dans un même cimetière alors que d’autres sont eparpillés dans plusieurs ossuaires ?
Bonjour,
J’ai analysé les tombes couchées au cimetière militaire franco-allemand d’Anloy.
Voici le seul nom recueilli:
Bibes Bertrand caporal tombé à Jéhonville le 22 Août.
Le Consulat Français à Bruxelles explique : 2 cimetières existaient après la guerre et le cimetière Anloy-Bois reçoit des victimes de Jéhonville et lorsqu’il est désaffecté, les dépouilles mortelles des soldats non-identifiés au nombre de 233 sont inhumées dans l’ossuaire du cimetière Pierre Massé de MAISSIN.
Aucune logique n’est respectée en fonction des champs de bataille et des régiments !!!
https://bruxelles.consulfrance.org/Le-cimetiere-militaire-franco-allemand-d-Anloy-Buyeres
2 articles de Mme Zoé Gauthier, correspondante de La Dépêche Du Midi
http://www.comminges-actu.com/2018/01/rouede-deux-tombes-de-poilus-ruvedois-retrouvees-en-belgique.html
http://www.comminges-actu.com/2017/12/rouede-qui-etaient-les-20-soldats-morts-lors-de-la-1ere-guerre-mondiale.html