Zephirin Lucien Josse voit le jour le mardi 21 juillet 1891 à Sainte Marie Geest.
Il est le fils légitime de Désiré Joseph Josse, Cultivateur, âgé de 25 ans et de Marie Antoinette Constance SOILLE, âgée de 18 ans.
Zephirin sera sculpteur, tailleur de pierre.
Sa mère Marie meurt le 15 septembre 1915, Zephirin est âgé de 24 ans.
Il épouse Elvyre BAUWIN,
Leur mariage religieux est célébré le samedi 9 février 1924 à Sainte Marie Geest.
Ce couple aura deux enfants :
– Marcel né en 1926.
– Joseph né en 1927.
En 1926 naît son fils Marcel. Zephirin est âgé de 35 ans.
Le 13 mars 1927 naît son fils Joseph. Zephirin est âgé de 36 ans.
Son père Désiré meurt le 3 mars 1934, Zephirin est âgé de 43 ans.
En 1964 son fils Marcel meurt, Zephirin est âgé de 73 ans.
Zephirin L. Josse est décédé le 1er Avril 1970, à l’âge de 79 ans, à Sainte Marie Geest.
Le 2 Octobre 1911, Zéphirin Josse entre sous les drapeaux pour son service militaire et intègre le 13ème régiment de ligne en garnison à la caserne Marie-Henriette de Namur.
C’est avec le 13ème régiment de ligne que le soldat Josse entre en guerre suite à l’invasion allemande en Août 1914
Il est enrôlé le 4 Août 1914 et versé dans la 4ème division du général Michel.
Du 2 Septembre jusqu’à fin Octobre 1914, le 13è de ligne sillonne les routes de Flandre de la mer du Nord à Anvers.
Le 18 Septembre, les troupes du 13è opèrent le long de la Durme où, dans des conditions très pénibles, sous une pluie persistante notamment, elles participent sans arrêt à des travaux de défense.
A partir du 26 Septembre, le régiment occupe Moerzeke, Baesrode, Castel et enfin Termonde. Il subit un bombardement écrasant de l’artillerie ennemie. Pendant une dizaine de jours, le 13è de ligne reste dans la fournaise en amont de Termonde pour défendre le pont de Schoonaerde.
La nuit du 6 au 7 Octobre est calme, le 13ème de ligne renforce ses tranchées, les compagnies en première ligne qui construisent des traverses pour contrer les assauts de flanc, remarquent des mouvements de charrois lourds…
A l’aube du 7 Octobre, le 1er bataillon du 13è de ligne est positionné de Heide à Quote avec une réserve à Berlaere. Vers 8h00, les compagnies subissent des tirs puissants de mitrailleuses accompagnés de feux violents d’artillerie. Les pertes sont considérables et les blessés très nombreux.
Plus de 130 soldats sont ainsi extraits du front dans des conditions déplorables, Le service médical élabore un poste de secours dans le couvent de Berlaere.
Les brancardiers sont débordés et ce sont les compagnons d’armes qui emmènent les blessés vers le poste de secours, ils y sont pansés en urgence puis embarqués dans les autos ambulances pour un trajet lamentable en direction des hôpitaux régionaux.
» Le 7 Octobre au matin, le marmitage de nos lignes atteint une intensité extrême : partout nos braves tiennent sans broncher, ripostent avec rage aux coups de l’ennemi jusqu’au moment de leur relève à 21 heures. » ( extrait de Petite Histoire du 13)
C’est à cette date du 7 Octobre 1914 que le soldat Josse est blessé de deux balles de mitrailleuse à la cuisse et au genou.
Dans ma très jeune enfance,il m’avait dit qu’il avait été trainé hors du champ de bataille par son ami Dubois Léon de Pondrôme…
Il m’a raconté que pendant son transport par ambulance, c’était l’horreur, en effet dans cette ambulance les brancards étaient les uns au-dessus des autres et le sang pissait de toute part, les cris de douleur étaient indescriptibles.
Le dimanche 11 Octobre 1914, les Allemands progressent vers le nord de la Belgique, après la prise de Termonde, ils envahissent la ceinture d’Anvers. Dans l’hôpital militaire de Gand, c’est l’effervescence, les Allemands sont partout et plus de 3000 hommes occupent les lieux. Une évacuation est ordonnée dès le Lundi 12 Octobre en matinée.
Les hommes valides marchent jusqu’à la gare tandis que les autres sont transportés en automobile vers un train qui part vers Furnes…
Zéphirin Josse est transporté du poste de secours en arrière du front vers l’ambulance de l’Institut St-Amand de Gand.
Cet Institut possède une grande infirmerie et de nombreux dortoirs permettant de recevoir davantage de blessés. Le frère Maxime, directeur de l’Institut St-Amand, écrit de nombreuses missives au soldat Josse, cela suppose qu’une amitié sincère apparaît entre eux.
C’est à cette date du 12 Octobre 1914 précisée sur son carnet de combattant que Zephirin Josse passe sous l’autorité ennemie. On imagine qu’il fut appréhendé par les Allemands au même titre que de nombreux autres soldats blessés pour lesquels les déplacements étaient rendus pénibles par leur affaiblissement. C’est donc le statut de prisonnier de guerre que le soldat Josse obtient désormais et le transfert vers un camp d’internement en Allemagne.
Les chemins de l’exil pour Zephirin JOSSE
A la date du 30 Novembre 1914, il est transféré en Allemagne, à l’hôpital de Hofgeismar pour être soigné.
Le 7 Décembre 1914, il est licencié du camp de Niederzwehren ( Cassel)
Mon grand-père m’a aussi raconté,c’est que dans le camp au début de sa captivité, il mourait de faim et recevait comme seule nourriture une soupe de marrons avec du pain très noir.
Il m’a également raconté qu’à la fin de sa captivité quand il allait travailler dans la ferme,s’il trouvait un œuf il le gobait immédiatement pour ne pas laisser de traces.
Notons que le courrier, envoyé de Heuberg par Zephirin Josse en date du 15 Septembre 1915, correspond au décès de sa maman Marie SOILLE qui était âgée seulement de 42 ans.
La construction du camp de Heuberg fut décidé après le début de la guerre et ainsi, les premiers prisonniers sont contraints de participer aux travaux d’élaboration de celui-ci.
Les baraquements en bois s’élèvent au fur et mesure des arrivages des détenus qui doivent subir le travail obligatoire.
Camp situé dans le Grand Duché de Bade, au Nord-ouest de Hohenzollern, à proximité de la frontière Austro-Hongroise. Ce camp a reçu la visite des délégués Espagnols le 11 Avril 1916, à cette date, il y a 5.066 prisonniers à l’intérieur du camp, dont 2.575 français, et 7.613 prisonniers répartis dans des détachements de travail, dont 1.625 français.
Mannheim 1916; courriers de Zephirin JOSSE vers son père envoyés en Février & Avril 1916.
Zéphirin Josse parle de plusieurs maladies attrapées par les nombreux soldats et de sa survie dans ce contexte;
Dans toutes ses lettres, à une certaine époque, il faisait état du nombre de décès et de la nationalité de ces derniers, mais uniquement les décédés de sa « baraque ».C’est avec ces lettres qu’on s’imagine le pourcentage de morts et la phrase à son père dans plusieurs courriers « papa,ce sera bientôt mon tour…. Elles ont été envoyées vers le milieu de sa captivité, ce que je suis certain c’est qu’il s’agissait surtout de décès dus au Typhus et au choléra, peut-être le camp de Tauberbischofsheim (mais je n’ai aucun souvenir du camp et les nombreuses lettres ont été détruites.)
Ce qu’il m’a aussi raconté,c’est que dans le camp au début de sa captivité il mourait de faim et recevait comme seule nourriture une soupe de marrons avec du pain très noir.
Il m’a également raconté qu’à la fin de sa captivité quand il allait travailler dans la ferme, s’il trouvait un œuf il le gobait immédiatement pour ne pas laisser de traces.
Camp de Tauberbischofsheim
La majorité des prisonniers sont Russes et Français. Ils sont envoyés dans les exploitations agricoles avoisinantes pour assister les fermières et fermiers aux travaux quotidiens. D’autres sont employés dans les ateliers et usines de la région comme la fabrique de mobilier scolaire…
Davantage de prisonniers conservent des séquelles graves, suites à leurs blessures de guerre .
Les soins sont traités de façon marginale et nombreux sont les hommes qui perdront la vie, loin de leur terre natale…
Sur cette photo Zéphirin porte les galons du grade de caporal.
Le couple de fermiers allemands et leurs enfants qui occupèrent Zephirin JOSSE aux travaux agricoles quotidiens. On peut imaginer que leurs relations se soient améliorées au fil du temps et la possession de ces photos permet de croire en l’authenticité de cet asservissement.
Pour mémoire;
APRES-GUERRE
Carte postale écrite par un ami de Zephirin le 28 Janvier 1919
Son ami Léon Dubois lui explique qu’il est rentré au C.T.A.M. à la Citadelle de Liège.
Le C.T.A.M. signifie centre de triage des anciens militaires. Après la fin de la guerre, les rapatriés revenant d’Allemagne ainsi que des différents centres de détentions dans l’Europe sont traités dans des centres de triages afin de diriger les jeunes recrues vers les centres d’instructions et les anciennes classes vers la démobilisation.
Pour la plupart, ces rapatriés sont démunis de documents d’identité militaire et les recherches s’avèrent longues et difficiles. L’impatience de liberté après ces longues privations rend ces rapatriés nerveux et agressifs. Les services étaient débordés et les délais interminables.
Léon Dubois est né à Pondrôme le 25 Février 1890. Il a exercé le métier de postier. Le 1er Septembre 1945, il a épousé Marie Charlier à Pondrôme.
Apres l’armistice, Zéphirin Josse est employé à la caserne des Jules au 13eme de Ligne à Bruxelles au C.T.A.M 4eme compagnie. Après il part pour Anvers au 13eme de ligne,1er service d’Administration, rue Brederode 128 puis il est en congé sans solde à partir du 7 aout 1919 et enfin en congé illimité à partir du 16 septembre 1919.
Il a communiqué avec ses frères d’armes après la guerre, particulièrement avec son ami Léon Dubois, je me souviens d’être allé à 2 reprises avec lui à Pondrôme avec mon oncle Marcel, c’était dans les années 1962-1963.
On s’est également rendu à plusieurs reprises chez son ami Joseph Geudvert Vassart à Ligny.
Fin 1964,son fils Marcel décède, il ne s’est plus rendu chez ses amis faute de voiture à l’époque.
Au dos de son carnet militaire, on remarque les différents tampons annuels attestant la présence de Zephirin Josse aux rassemblements patriotiques, prouvant son assiduité de l’attachement à sa patrie.
Après la guerre, il partait travailler en vélo pour une semaine pour les entreprises Soille de Bruxelles. Les salaires des sculpteurs à Bruxelles étaient le double à cette époque des salaires des tailleurs de pierre de Gobertange (région de Jodoigne).
Après quelques années, il était contre-maître pour cette société qui s’occupait presque exclusivement à la restauration des monuments classés en pierre de Gobertange; la cathédrale Saint Michel et Gudule à Bruxelles,la restauration de l’Hôtel de ville de Louvain(fortement détruit pendant la guerre) etc…
Il a exercé ce métier jusque sa pension.
Pendant la guerre 1940-1945, son fils Marcel qui faisait de la résistance a été embarqué par les Allemands lors d’une rafle à la caserne Dossin à Malines (je pense).
Comme il connaissait la langue Allemande, sa discussion avec le commandant de la caserne qui lui aussi avait participé à la guerre 1914-1918 a permis à son fils Marcel d’être libéré et de ne pas être envoyé dans les camps en Allemagne.