Lucien Gillis est sorti de l’École Militaire le 14 avril 1877 avec le grade de sous-lieutenant. En 1890, capitaine adjoint d’État-Major, il assiste le capitaine A. Delporte pour établir au Congo le premier réseau géodésique.
Si les nombreuses explorations dans ce pays procurent aux géographes des croquis cartographiques généraux du territoire, l’assemblage cohérent de ceux-ci est très difficile à réaliser.
L’État décide d’envoyer des missions scientifiques chargées d’équipements spécifiques pour la fixation parfaite de certaines grandes lignes.
En Afrique les deux officiers déterminèrent les latitudes, longitudes et altitudes de 35 stations ainsi que les éléments du magnétisme terrestre aux mêmes points.
Fin février 1891, alors qu’ils opéraient en amont des Falls, Delporte et Gillis furent tous deux atteints de dysenterie et durent prendre le chemin du retour.
Gillis revint cependant seul en Belgique, ayant perdu son compagnon le 26 mai 1891 à Mpozo, alors qu’ils n’étaient plus qu’à faible distance de Matadi. Rentré en Belgique, Gillis mit à jour les travaux de la mission que l’Académie tint à publier sans délai (Mém. Acad. in-4° 1893), non seulement pour leur grand mérite, mais aussi parce qu’il s’agissait de la première mission effectuée au Congo par des savants belges.
En 1902, au moment où il venait d’être nommé major, Gillis fut désigné pour prendre la succession du général Hennequin, à la tête de l’Institut Cartographique Militaire. II dirigea cet établissement jusqu’en 1910. C’est sous sa haute direction que fut conçue et exécutée le carte de la Belgique au 1 /100.000 en 26 feuilles. En quittant l’Institut, Gillis reprit du service actif à l’armée.
Août 1914
Lorsque éclata la guerre, devenu général, il se couvrit de gloire en défendant le plateau de Sart-Tilman pendant les journées des 5 et 6 Août 1914 à la tête de la 9ème brigade mixte.
En reconnaissance de la bravoure qu’il avait montrée en cette occasion, le Roi Albert autorisa le lieutenant général Gillis, le 28 janvier 1933, à ajouter « de SartTilman » à son nom patronymique.
Quelques lignes extraites de l’ouvrage » LIEGE Août 14″ de J-L LHOEST & M. GEORIS, édition Presses de la Cité 1964
L’énorme colonne allemande marche résolument sur Liège, envahissant toutes les campagnes situées dans les intervalles des forts.
Le sérieux de la situation a retenu toute l’attention du général LEMAN. Le major DONEUX venait d’ordonner le regroupement de 300 rescapés sur 1100 hommes du 1er bataillon du 9ème de ligne à Ougrée, en vue de défendre éventuellement cette localité. Mais la clairière du Sart-Tilman, tenue par les 400 hommes du 2ème bataillon du 14ème de forteresse était particulièrement vulnérable. Le général LEMAN décide alors d’utiliser la 15ème brigade mixte, qui était arrivée de Huy le mercredi vers midi. Le colonel JACQUET, commandant le 1er chasseurs à pied, se vit confier la mission de tenir coûte que coûte le Sart-Tilman et le major MELOT, commandant du 4ème chasseurs, fut envoyé dans l’intervalle Boncelles-Meuse.
Le commandant MARCHAND, attaché d’état-major du général LEMAN, vient rendre compte; » les lignards sont débordés au Sart-Tilman, il faut que les chasseurs défendent à tout prix le hameau… «
Tout gronde, fusils, mitrailleuses, canons, dans la nuit sombre, un âpre combat opposa Belges et Allemands autour de la clairière de Sart-Tilman.
Les Allemands reculent, abandonnent des tranchées et, à l’aube, un groupe lèvent les bras en criant » Kameraden ! » Ils s’obstinent à rester immobiles puis tout-à-coup, se jettent au sol et une mitrailleuse ennemie fauche les Belges en approche.
Le 3ème bataillon du 9ème régiment de ligne commandé par le major MICHAUX et les 2ème et 3ème bataillons du 29ème de ligne placés sous le commandement du général GILLIS occupèrent les positions perdues du bois Saint-Jean.
Gillis était entré en 1902 à la Société Royale Belge de Géographie. Il devint rapidement et resta jusqu’à sa mort un des membres de son Comité Central. Il y était apprécié pour ses connaissances fort étendues non seulement en cartographie, mais aussi dans toutes les branches de la géographie.
Lucien Gillis est né à Marilles (Orp-Jauche)le 11 Mars 1856
Il épouse Aimée Berger de Ramillies, le 22 Juillet 1893 et ont un fils; Fernand né en 1895.
Le général Gillis meurt à Bruxelles, le 8 mars 1936, à l’âge de 80 ans, son épouse est décédée le 30 Avril 1932.
Lucien GILLIS de SART- TILMAN, Général-Major