Le 21 Août 1914, la 66ème brigade de la IVème armée française arrive à Bertrix.
Elle est composée des 10ème & 20ème régiments d’infanterie et de trois groupes d’artillerie prévus à chaque brigade.
Ce jour-là, vers 10h00, le garde-forestier MERGEAY, habitant Burhaimont à Bertrix, se précipite vers la maison Gochet afin de mettre en garde l’armée française. Ce brave fonctionnaire, effectuait une ronde dans les bois, lors de la journée du 20 Août lorsqu’il fut capturé par les Allemands et lié à un arbre. Durant sa période de capture, il constata que l’ennemi mettait en place un réseau de barbelés et des mitrailleuses savamment disposées.
Parvenant à se libérer pendant la nuit, et grâce à sa connaissance de la forêt, il parvient à rejoindre Bertrix.
Au poste de commandement du colonel DETRIE, le garde MERGEAY est reçu froidement et s’entend dire sèchement que l’armée française a ses propres renseignements et qu’il n’a pas besoin de ceux des civils !!! D’autres avertissements sont rapportés par le docteur LIFRANGE et M. LEPINOIS et enfin par le frère MARCEL mais sans succès…
Mais les Allemands sont bien présents en grand nombre dans cette forêt de LUCHY.
La région fut très bien repérée par des espions chargés de renseigner au mieux l’avantage de ces grandes forêts pour dissimuler ses troupes. C’est la 18ème division Hessoise, troupe d’élite à la discipline de fer qui est désignée pour se blottir dans les fossés de la forêt et attendre la confrontation .
Le matin du 22 Août, le 20ème régiment d’infanterie, qui avait bivouaqué dans le village de Saint-Médard, progresse jusqu’à Bertrix. Vers 13h00, la troupe s’engage, par une chaleur torride, sur la route menant à la forêt, suivie par le matériel d’artillerie.
Il faut s’imaginer un attelage d’artillerie composé d’un avant-train tiré par 4 où 6 chevaux, d’un lourd caisson à munitions, le tout qui avance dans un chemin en terre battue à peine assez large pour ces canons montés sur des roues étroites en bois cerclées de fer.
Le général de VILLEMEJANE, qui s’est porté en avant, comprend l’erreur de s’être engagé dans ce chemin avec autant de pièces d’artillerie, donne l’ordre de faire demi-tour et c’est le chaos total …
Il est 16h00, les premiers éclaireurs de la brigade parviennent à sortir de l’autre côté du bois vers Ochamps avec la première compagnie et c’est à ce moment que l’artillerie allemande de déchaîna en libérant un enfer de feu… Les mitrailleuses, blotties sur les crêtes d’Ochamps, balayèrent l’orée de la forêt.
Sur les images ci-contre, remarquons d’une part, les tenues allemandes de type Feldgrau en gris verdâtres, proches d’un camouflage efficace et d’autre-part l’uniforme français composé du pantalon rouge garance et une capote bleue qui rendent les soldats très voyants sur le terrain. On peut constater que les assauts français sont assimilés à une stratégie napoléonienne basée sur une tactique d’attaque en groupe sans dissimulation en offrant les poitrines de ces braves aux mitrailleuses ennemies…
Le colonel DETRIE, non loin de la première ligne engagée à la lisière du bois vers OCHAMPS, se rendit compte rapidement du véritable guet-apens qui fut tendu par l’armée hessoise et il assista à la perte de plusieurs officiers commandant les compagnies de son régiment ainsi que l’anéantissement partiel de celui-ci.
Le combat fait rage, l’atroce vision de ses unités complètement décimées porte le colonel à décider de tomber en héros plutôt que de revenir en arrière avec les débris de son régiment. c’est à la lisière de la forêt de Luchy Vers Ochamps qu’une croix est dressée portant son effigie, probablement à l’endroit où il est tombé héroïquement parmi ses glorieux soldats du 20ème R.I.
Le chemin de LUCHY est maintenant une route principale qui tranche la forêt de part en part de BERTRIX vers OCHAMPS pour offrir également la découverte de la Nécropole Franco-Allemande de BERTRIX-HEIDE.
Si l’on s’écarte quelque peu de cette chaussée, en cherchant bien, on devine des vestiges sous les arbres de massifs de pierres ayant servi aux monuments des anciens cimetières…