Le 59eme régiment d’Infanterie partit de Foix le 7 août laissant dans la vieille caserne Gaston de Foix les anciens réservistes destinés à fournir le 259eme.
Deux jours d’un pénible voyage pendant lesquels la bonne humeur et l’entrain des hommes inculqué dès l’école dans l’âme de ces jeunes et vigoureux garçons, et le régiment débarquait à Suippes dans la Marne.
Ce furent alors les longues étapes à travers la Champagne pouilleuse et l’Argonne, l’arrivée en Belgique, tandis que l’énervement des hommes allait croissant, malgré la fatigue, et que le désir d’être engagés se manifestait, chez eux, un peu plus vivement tous les jours.
Aussi, quand le 22 août le colonel Dardier recevant l’ordre de se porter en Offagne pour prendre le contact avec l’ennemi, fit distribuer les cartouches et prendre les disposition de combat, c’est par des manifestations de joie que fut accueillie la nouvelle d’un engagement prochain que chacun croyait déjà devoir être décisif.
De l’ennemi on ne sait que peut de choses. Il tient le front Jéhonville – Ochamps couvert par sa cavalerie massée dans la forêt de Luchy.
A 12 h 30 arrive l’ordre de reprendre la marche en avant sur le N.E. avec pour objectif Anloy. Le régiment traverse Sart-Jéhonville dont les habitants effrayés s’excusent de ne pouvoir donner de renseignement sur l’ennemi ; prétextant n’avoir aperçu que quelques uhlans mis en fuite par nos cavaliers.
La découverte d’un uhlan blessé et d’un cadavre allemand en décomposition est cependant la preuve d’une occupation déjà ancienne, mais il faut aller de l’avant et le régiment s’engage dans le bois situé entre Sart et Anloy. Le bataillon Mir, bataillon de tète de la division, détache la 10e (Capitaine Ané) en avant-garde.
A la sortie Nord les colonnes de la 1re section de la 10eme compagnie essuient des coups de feu.
Quelques hommes tombent au milieu de tant de Héros, glorieusement tombés dans cette journée mémorable que fut le premier combat livré par le 59e R.I.
Quel désir de vengeance dut passer dans le cœur de tes voisins les plus proches, premier héros dont le sang jaillit sur la terre outragée comme les prémices du sacrifice de la jeunesse Française sur l’Autel de la Patrie ?
Comment peut-on s’étonner de la furie avec laquelle les hommes du 59eme s’élancèrent, par trois fois, à l’assaut des positions allemandes ? Bravant les mitrailleuses sournoises et les pièces d’artillerie, le 3eme bataillon attaque le bois et réussit à enlever deux lignes de tranchées allemandes, sous un feu meurtrier qui lui cause des pertes sensibles.
Privé de son chef, le commandant Mir, tué dès le début de l’action à côté des éclaireurs de tête, par une balle au front, les fractions du 3eme bataillon se replient jusqu’à la lisière du bois.
Le capitaine Ané, prenant aussitôt le commandement du bataillon rallie les hommes qui cédaient et tente une nouvelle attaque avec plus de rage encore. Les unités succombent sous le nombre et se font hacher à l’orée du bois.
C‘est à ce moment que le colonel Dardier, pleurant la perte de tant de braves, s’avance à la lisière pour encourager les hommes et tenter un nouvel effort. Les 5 galons sont aperçus par les « tireurs d’officiers », sans doute car le Colonel reçoit trois fois plusieurs balles et tombe mortellement atteint.
Fiches extraites de "Mémoire des Hommes" et Archives Départementales de l'Ariège
Monument aux morts de la ville de Pamiers