Georges ATTOUT était vraiment une perle de l’armée belge.
Il appelait ses frères d’armes » Sa famille du front « .
Il avait une affection particulière pour ces soldats dont il disait que la plupart étaient des paysans, des ouvriers, ayant bon coeur et qu’ils étaient bien malheureux n’ayant que peu de contacts familiaux et presque aucune affection…
Le 3ème bataillon du 19ème régiment de ligne s’installe à Mondovi-wood. Après reconnaissance, l’officier adjoint au commandant de secteur, élabore la répartition des compagnies sur le terrain.
Au centre, la 10ème compagnie du commandant Van Heste est chargée des postes du Carrefour de Londres et de Lannes-cop.
A droite, la 11ème compagnie du lieutenant Frérotte doit tenir le cimetière de Champaubert en liaison avec le 3ème bataillon du 13ème de ligne.
A gauche, la 9ème compagnie du capitaine Mahy tiendra le poste d’Islande et de Victory-Farm. ( Compagnie de l’adjudant Fontainas, du sous-lieutenant Misson et du sergent Félix Body )
Bataille de Merckem
Le 17 Avril 1918 à l’aube, le major Bourg décide de changer son centre d’opérations pour favoriser de meilleures communications avec les différents secteurs. C’est donc au centre, à Mondovi-farm dans un abri bétonné que le major installe ses officiers et son personnel de liaison vers le poste de commandement .
Très tôt, une alerte majeure vient de la 11ème compagnie qui annonce une avancée impressionnante de l’ennemi vers le cimetière. Sur demande urgence du major Bourg, l’intervention de l’artillerie est sollicitée mais elle n’intervient que plus d’une heure après. C’est à cette période que l’adjudant Fontainas de la 9ème compagnie fit 5 prisonniers allemands avec une audace remarquable.
Bientôt la confrontation a lieu avec un ennemi plusieurs fois supérieur en nombre qui donne l’assaut sur cette ligne de défense, les coups de feux, les grenades, les mitrailleuses provoquent une énorme fusillade. les blessés sont nombreux, partout des soldats à l’agonie, les corps ensanglantés couchés dans la boue et les tranchées.
Le poste de combat subit des ruptures de communication et le seul moyen d’assurer le commandement est d’utiliser des messagers individuels qui tentent de colporter les informations dans le dédale des tranchées.
Parmi ces coureurs où messagers, citons quelques noms comme les soldats Frère, Willems, Calais, Viroux, Lefèbvre et le petit sergent Georges Attout de la 10ème compagnie.
Le sergent Attout a parcouru, toute la matinée, le trajet entre le poste du commandement du major Bourg et le secteur défendu par sa compagnie. Il a revendiqué spontanément l’honneur de remplir cette mission fortement périlleuse et transporte les plis vers la ligne de feu.
Le sergent se glisse, en rampant sur une terre défoncée et chargée de boue, d’un trou d’obus à l’autre avec une pluie de projectiles meurtriers. Mais, du sommet d’une crête, l’ennemi le repère et un tir de mitrailleuse le couche au sol avec une large blessure au ventre et il perd le sang abondamment.
Un frère d’arme intervient très vite pour le secourir et le ramener en arrière et il se retrouve auprès du major Bourg qui s’apitoye sur son état critique.
Déjà son visage prend une pâleur livide et voyant son chef devant lui, le sergent Attout murmure quelques mots;
– Mon major, ai-je fait mon devoir ?
– Oui sergent et splendidement, vous en serez décoré !
– Cette décoration, mon major, vous l’enverrez à ma mère, elle en sera fière et heureuse !
– Je vais au ciel…
Distinction honorifique déposée sur l’autel de la gloire dans le ciel;
– Croix de Guerre
– Chevalier de l’Ordre de Léopold
Avis du Commandant de Bataillon;
Le commandant de la 10ème Compagnie caractérise très bien la haute valeur de ce jeune sous-officier. Personnellement, j’ai pu l’apprécier en maintes circonstances et toujours je l’ai admiré pour ses sentiments élevés de patriotisme et de dévouement sans bornes à la cause que nous défendons.
Le bataillon perd en lui un de ses meilleurs serviteurs en même temps q’un excellent candidat officier. Il fut blessé mortellement au moment où il m’apportait un renseignement important concernant une phase critique du combat; cela se passait à quelques mètres de moi.
Se sentant perdu, il m’a supplié de ne pas l’évacuer et il mourut en me disant: » je veux mourir face à l’ennemi car c’est la plus belle mort pour un soldat.
Le 21 Avril 1918 (signé ; BOURG)
Extrait de l’ouvrage d’Octave Daumont; Le Petit Sergent Georges Attout