Le Zeppelin L-45 échoue près de Sisteron ( Alpes de Haute-Provence) en Octobre 1917

Le Zeppelin LZ 85 (n° de fabrication Zeppelin) a été attribué pour la Marine Impériale Allemande dont sa désignation était L 45.

L’équipage était ainsi constitué de marins.  Le chef de l’équipage est le Kapitän-Lieutant Waldemar Kölle.

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Dans la nuit du 19 au 20 octobre 1917,  le commandant STRASSER responsable des dirigeables de la Marine Impériale décide d’un raid massif de 13 Zeppelins sur l’Angleterre. Le L 45 décolla de Tondern en compagnie du L 54.
Le raid massif est  déterminé à redonner de la crédibilité aux Zeppelins.

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Raid sur l’Angleterre

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Sur 13 dirigeables engagées, seul 11 ont réussi à décoller. Et à la fin de la mission, 5 zeppelins sont déclarés disparus dont le L 45 (LZ 85) dans les circonstances qui suivent ;
Arrivant à l’intérieur des terres au-dessus de Withernsea sur la côte du Yorkshire à 20h20, le Kapitänleutnant Waldemar Kölle a tenté de diriger le L.45 vers Sheffield mais les coups de vent l’ont forcé vers le sud-ouest jusqu’à ce qu’à 22h50, il atteint Northampton où l’équipage a remarqué quelques faibles lumières. Trois bombes HE ont atterri au nord de la ville, entre Dallington et Kingsthorpe, par la ligne de chemin de fer principale. La déflagration causée par ces bombes a brisé les fenêtres de 24 maisons et endommagé deux plafonds.

Kölle est ensuite passé à des bombes incendiaires, en larguant trois qui sont tombées de chaque côté de Spencer Bridge Road mais n’ont pas réussi à infliger de dégâts. Le lot suivant de trois incendiaires tomba dans le quartier de St. James alors que L.45 approchait de la gare principale. L’un d’eux est tombé inoffensif dans le parc Victoria, l’autre dans le jardin du 17, chemin Park, que l’occupant a rapidement éteint, mais le troisième a brisé le toit du 46, rue Parkwood et a mis la maison en feu.

La bombe a tué Eliza Gammons, âgée de 51 ans, et malgré tous les efforts de son gendre pour sauver ses jumelles de 13 ans, Lily et Gladys, elles sont toutes deux mortes de terribles brûlures.  Kölle a ordonné un autre tir de trois incendiaires, l’un a atterri dans le West Bridge Works de la société de la ville sans causer de dommages et deux sont tombés dans des prairies près de la ligne de chemin de fer principale à Londres. Revenant aux bombes HE, six sont tombés près du tunnel ferroviaire de Hunsbury Hill, mais n’ont brisé que quelques fenêtres de ferme.

Porté sur un parcours sud-est par le vent, le L.45 largua une autre bombe HE dans un champ du doyenné de Preston, suivie d’une autre qui tomba près de Piddington sur une clôture longeant la forêt de Salcey.

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Les frères et sœurs et les descendants de la famille Balls, qui a perdu deux membres, et de la famille Glass, qui en a perdu quatre. Greta et Peter, sœur cadette et frère d’Eddie et Sonny Balls (photographiés tout à droite sur les grilles ci-dessus) ont participé à des rétrospectives organisées par des passionnés de ces évènements.

Barbara, fille de Jesse Glass et petite-fille d’Emma Glass (photo à l’extrême droite, ci-dessus) a assisté à la fois à l’ouverture et à la marche animée, voyageant avec des membres de sa famille à Londres depuis St Leonards.

Continuant d’être pris par le vent, l’équipage du L.45 n’était pas au courant de sa position et a été surpris quand il a réalisé qu’il approchait de Londres. Profitant de l’occasion, ils ont largué deux bombes HE à Hendon, au nord-ouest de la ville, où l’une a causé de légers dommages aux bâtiments de l’aérodrome de Hendon et l’autre a causé de légers dommages à un chalet à Colindeep Lane.

Les deux bombes HE suivantes sont tombées sur la voie ferrée près de la gare de Cricklewood. L’une d’elle a explosé dans la gare de triage où elle a endommagé une section de voie, cinq camions et brisé de nombreuses fenêtres. L’autre, juste au sud de la gare, a explosé sur les voies faisant face à Westbere Road, brisant les fenêtres d’une école et celles d’environ 100 autres bâtiments sur les routes voisines.

Alors que le L.45 avançait, Kölle a lâché une bombe HE de 100 kg. Par hasard, il a atterri à Piccadilly Circus où l’explosion a tué sept personnes et en a blessé 18 autres. La bombe suivante, pesant 300 kg, a été larguée sur deux maisons à Albany Road, Camberwell.

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Les secouristes ont récupéré 10 corps et 24 autres ont été blessés. La bombe finale, également de 300 kg, est tombée environ quatre miles plus loin et a anéanti trois maisons de Glenview Road (aujourd’hui Nightingale Grove). La bombe a tué 15 personnes, dont sept enfants d’une même famille.

 

Dérive du Zeppelin

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Le vent a ensuite transporté le L.45 au-dessus de la côte près de Hastings à 1h00 du matin.

Soufflé à travers la France par le vent, Kölle n’a pas pu progresser vers l’est et finalement, à environ 200 Km de la côte méditerranéenne, il a décidé de faire un atterrissage d’urgence qu’il a fait près de Sisteron et s’est rendu.

Sur les onze Zeppelins qui avaient pris part au raid, seuls six retournèrent en Allemagne pour combattre un autre jour. Un équipage complet était mort, tout comme quatre hommes d’un autre équipage, et trois équipages étaient maintenant prisonniers de guerre. Le raid s’est avéré être un désastre pour la Division des dirigeables navals.

Pour éviter une attaque, le L 45 monte jusqu’à une altitude extrême, entrainant des malaises au sein de l’équipage. Pris dans des zones de violentes turbulences le L 45 dériva au-dessus d’Amiens, puis Compiègne.

Le Zeppelin L-45 a survolé Lyon, Bourgoin puis Gap. A Lyon, il fut pris en chasse par une escadrille d’avions mais sans résultat. Vers 9h30, il est aperçu dans le ciel de SISTERON, progressant vers le Sud-Est. Il disparait derrière la route de la Baume, à 500 m à l’Est de Sisteron, puis revient vers LARAGNE et MISON, communes voisines, sur la rive droite du BUECH, à une vingtaine de km au Nord-Est de Sisteron.

Sabotage de l’aéronef

Il atterrit vers 10h00 du matin dans le cours d’eau asséché. Les 17 hommes d’équipage se constituent prisonniers après avoir incendié complètement le dirigeable. Ils sont conduits à la gendarmerie de Laragne.

Ils étaient partis du Schleswig-Holstein à bord du dirigeable L-45. Après sa mission, le Zeppelin a tellement dérivé que l’équipage était persuadé qu’il survolait la Suisse. Il aurait atteint une altitude de plus de 6200 m.

site to fr carcasse laragne 1917

asu laragne emplacement de la carcasse L45

asu carcasse zeppelin laragne

site to fr zeppelin-l-45 moteur-lache sur le buech

site to fr équipage du zeppelin l45 à sisteron

Mison Lz45 détruit photo 12

Mison Lz45 détruit photo 11

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Les objets authentiques ci-avant proviennent d’un passionné, collectionneur de Laragne; Mr Georges Trinquier: une petite lanterne en cuivre ainsi qu’un longeron en alliage d’aluminium provenant de la carcasse du Zeppelin L45.

Destruction de la structure du dirigeable

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site to fr montage mison point de chute du zeppelin

Vers 15h00, un autre Zeppelin fut encore vu de SISTERON. Il suivit la vallée de la DURANCE et passa près de FORCALQUIER.

One thought on “Le Zeppelin L-45 échoue près de Sisteron ( Alpes de Haute-Provence) en Octobre 1917”

  1. récit de Jean-Paul METAILLER
    Le texte qui suit est la transcription presque intégrale d’un manuscrit de M. Joanis SAUSSE, instituteur à Laragne en 1917. La fille de M. SAUSSE, Jeanne, épousa Marcel METAILLER, frère de mon père Jean, et ainsi ce dernier put avoir connaissance du manuscrit.

    Mon père, né en février 1913 à Laragne, se souvenait parfaitement « du Zeppelin » et racontait être allé jusqu’au pont de Véragne pour s’approcher du lieu de l’atterrissage du dirigeable. A partir des années soixante, il collectionna les cartes postales éditées à l’occasion de ce fait divers. De plus, il récupéra chez le serrurier BONHOMME un croisillon de la carcasse. Peut-être est-ce le manuscrit de M. SAUSSE qui déclencha la constitution de cette collection qu’il eut l’occasion d’exposer, avec celles d’autres Laragnais, dans les salles du château.

    Le matin du 20 octobre 1917, à 8h10, Mme RICHAUD receveuse des Postes aperçoit un dirigeable au-dessus de la localité du côté d’Arzeliers, à une très grande hauteur. On ne pouvait distinguer à quelle armée il appartenait.
    L’appareil a vogué au-dessus du village, est allé sur Beynon où il est descendu à moins de 1000 m. de hauteur. D’après les ouvriers de l’usine [électrique] il paraissait désemparé. A 9h½ il était sur Mison. Nous avons été avertis et avons conduit tous les élèves sur les Aires. On voyait très bien l’aérostat : il était à 500 ou 600 m. de hauteur au-dessus du Buëch, entre le Niac et Châteauneuf. A l’aide de lunettes on voyait très bien le dirigeable qui cherchait à s’élever sans pouvoir y parvenir. A ce moment on croyait qu’on avait affaire avec un appareil français : on pouvait voir un pavillon blanc et rouge flotter à l’arrière.
    Le dirigeable baissa rapidement, bientôt les maisons le cachèrent. Pour le suivre les enfants et beaucoup de personnes allèrent au-delà du pont de Véragne. L’aérostat descendait toujours, tantôt horizontal, tantôt presque vertical. Bientôt il atterrit dans le Buëch. Les élèves petits et grands, que nous n’avions su retenir, couraient dans les champs du côté du Buëch. Tout à coup on vit une grande flamme rouge suivie d’une épaisse fumée : le dirigeable était en feu.
    Des chasseurs qui se trouvaient près de l’endroit de l’atterrissage ont pu suivre toutes les péripéties. Après un premier atterrissage dans le lit de la rivière, un moteur est resté à terre et 4 hommes de l’équipage ont pu sauter à terre. Le ballon s’est un peu élevé et a été plaqué par le vent à l’angle sud ouest de Bricon à 1000 m. environ du 1er atterrissage. Le restant de l’équipage, 13 hommes, est descendu et s’est reculé d’une centaine de mètres ; un officier a sorti son revolver et a tiré sur le ballon. Tout l’équipage a salué pendant que les flammes dévoraient l’aérostat. Les personnes présentes ont fait prisonnier l’équipage qui n’a pas résisté. Tous les prisonniers ont été conduits à Laragne.
    Je suis arrivé un des premiers près du ballon, allant à la recherche des élèves qui étaient éparpillés le long des gravières du Buëch. La toile qui couvrait le ballon était brûlée, sauf à la partie inférieure où elle était intacte. Les nacelles brûlaient. L’une d’elles était à 3 ou 400 m. sur la rive droite. Je restais stupéfait en présence du monstre qui mesure 200 m. Ce serait peut-être un « Perceval », genre semi-rigide. La partie inférieure était brisée, mais la carcasse était à peu près intacte. Nous avons fait le tour de l’appareil ; nous avons pu voir comme tout était bien combiné : hamacs suspendus et la plupart intacts, câbles, bidons, commandes, etc. tout cela avait peu souffert.
    Deux foyers d’incendies étaient allumés sur les deux nacelles. On n’osait en approcher de crainte des explosions. Malgré cela bien des objets, les uns d’une grande valeur ont été enlevés : jumelles, revolvers, boussoles, magnétos, manomètres, etc. Un rapide service de surveillance aurait pu empêcher cela, ainsi que certaines autres dégradations qui ont été commises …
    Le soir, nous avons conduit les élèves en promenade près de l’aérostat. Un service d’ordre était organisé. La foule était dense (plus de 600 personnes) ; et l’endroit peu propice où le ballon s’était échoué ne permettait pas d’en avoir une vue d’ensemble.
    Vers 3h½ un cri s’est élevé : « encore un » ; on a aperçu, au-dessus de Chabre, un second appareil. Un mouvement de frayeur a secoué les promeneurs. Beaucoup ont pris le chemin du retour. Ce nouvel appareil était presque vertical, ses moteurs étaient éteints : il voguait à 1500 m. au-dessus du niveau du Buëch (plus haut, si on compare son volume à celui du matin tel qu’on le voyait de Laragne, au moins 3000 m. et même plus). Il paraissait plus long et plus mince que celui du matin. Il est passé au-dessus de la carcasse de son congénère et a disparu du côté de Sisteron, paraissant baisser de plus en plus. Dans la soirée le bruit a circulé qu’il avait atterri et péri, comme celui de Laragne, près de Châteauneuf Val Saint Donat, à 15 Km au sud de Sisteron. Le lendemain matin on a appris qu’il n’en était rien et qu’il avait été jeté à la mer près de Rognes (Bouches du Rhône).
    Le Zeppelin qui est tombé à Laragne faisait partie d’un raid sur Londres. Ce raid n’a pas réussi. La flotte aérienne a été dispersée par la tempête et plus de la moitié des Zeppelins ont été détruits, d’après les journaux.
    Ces évènements, extraordinaires pour notre localité, ont attiré dans la soirée et le lendemain beaucoup de visiteurs et toutes les autorités. Les prisonniers ont été interrogés à la mairie. L’un d’eux s’était légèrement blessé en atterrissant, il a été pansé par le major ; un autre qui avait les pieds gelés a été conduit à l’hôpital auxiliaire.
    L’équipage comprenait un lieutenant commandant, un lieutenant en second, un aspirant, un adjudant maître mécanicien et 13 hommes. Tous portaient l’uniforme de la marine allemande. Les hommes paraissaient plutôt contents ; les officiers paraissaient soucieux. J’ai pu causer avec l’un d’eux qui parlait assez imparfaitement le français, mais assez pour se faire comprendre. Il venait, m’a t-il dit, du Schleswig ; leur base est à Héligoland. A ma demande s’ils allaient sur la France ou sur l’Angleterre, il m’a dit qu’ils étaient en manœuvre et avaient été pris par un vent très violent et qu’ils n’avaient pu diriger leur ballon. Ils ont bien souffert du froid, l’altimètre marquait 6200 m. En croisant le front français ils ont été canonnés, mais sans résultat. Ils sont passés sur une grande ville (Lyon) où il y avait beaucoup de brouillard. Ils n’ont pas lancé de bombes ? Une trentaine étaient dans le ballon.
    Je lui ai appris que le 2ème ballon était tombé à la mer et il m’a demandé l’endroit. Je le lui ai montré sur une carte PLM affichée dans le couloir de la mairie et il a ajouté : « près de Marseille ». Il m’a également demandé l’emplacement de Laragne sur la carte. Il avait l’air de se remémorer tout son voyage qui durait, a-t-il dit, depuis plus de deux jours ? A une question sur l’état économique en Allemagne : « On est moins bien qu’avant la guerre, mais nous ne manquons de rien. C’est bien long et tout le monde veut la paix ». Débarrassez-vous donc du Kaiser, lui ai-je dit : « C’est bien difficile ? ». Et nos prisonniers ? : « Ils sont très bien soignés, travaillent dans les champs avec les femmes et les enfants ». Il devenait presque poétique. Et la révolte de la flotte ? : « C’est peu de chose, à peine une quinzaine de meneurs ». Le tout était agrémenté de beaucoup de « p » et de « ch ».
    La conversation aurait continué sans un gendarme froussard qui est venu y mettre fin à mon grand regret.

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