Le très jeune sous-lieutenant promu à l’Ecole Royale Militaire belge ; Paul Victor Georges MOREL est le fils d’un futur général ; Armand MOREL
Avec la déclaration de guerre, le jeune sous-lieutenant est nommé dans le 10ème régiment de ligne, membre de la 4ème division. Cette division est chargée de défendre la ceinture et la place fortifiée de Namur.
Extrait de l’Ouvrage » L’Invasion Allemande «
Le village de Wartet est situé sur les hauteurs de la rive gauche de la Meuse comprises entre les ravins de Marche-les-Dames et d’Haigneaux. Les Allemands y entrèrent le samedi 22 août à 6 heures du soir, après un violent combat de plusieurs heures, entre environ 800 soldats belges du I er bataillon du 8eme de ligne et le 5eme régiment des grenadiers de la Garde.
Ayant constaté, par des reconnaissances, que les tranchées qui dominaient les Fonds de Wartet étaient inoccupées, environ 25 soldats allemands se glissèrent près de la maison d’Arsène Frère-Lepas, y installèrent leurs mitrailleuses dans la tranchée et y attendirent les soldats belges. La veille, les nôtres avaient abandonné ces tranchées. On y renvoya dans l’après-midi de samedi deux ou trois compagnies du 1er bataillon du 10ème de ligne, qui s’y rendirent par le chemin de Marche-les-Dames à Wartet et le bois situé au-dessus de la Baigneuse.
Leurs avant-postes demandèrent à des villageois s’il était passé des Allemands ; ils répondirent négativement. Or, une patrouille de quatre soldats y était passée quelques minutes avant et y avait mangé ! Les Belges s’avancèrent en tirailleurs. Quand ils furent à bonne portée, les mitrailleuses et les fusils de l’ennemi entrèrent en action ; ils furent surpris et fauchés. Quarante tombèrent, dont le sous-lieutenant Morel, fils d’un colonel du 1er guides et Victor Damain, de Freux.
Je soignai plus tard ce dernier, qui avait reçu quatre balles. « Je n’ai pas même eu le temps, me dit-il, de décaler le verrou de mon fusil, a surpris, les nôtres cherchèrent à s’abriter, résistèrent un quart d’heure, puis rebroussèrent chemin. Plusieurs furent atteints dans la fuite, les autres parvinrent à gagner les rochers de la Meuse et la vallée. Cependant, les Allemands arrivaient vers Wartet de tous les côtés.
Certains s’avancèrent vers « La Haie du Loup » et « Le Cailloux », contournèrent les « Dix Bonniers » et attaquèrent de flanc et d’arrière la compagnie belge qui se trouvait derrière le cimetière et dans les tranchées de Randegniet. Ainsi entourés, après avoir perdu une dizaine d’hommes, ils durent se rendre, au nombre d’une soixantaine, dont le lieutenant Meysse. Il était 6 heures du soir. Un combat acharné eut lieu aussi dans un verger et un jardin, derrière la ferme du château.
l’abbé Fay, curé de Wartet raconte;
Wartet, dimanche 23 Août 1914
Deux équipes d’hommes creusent une fosse de 15 m de long, 2 m de large et 2 m de profondeur.
Aidés du secrétaire communal et de quelques hommes dévoués, nous procédons à l’identification des cadavres. Les uns n’ont plus de médailles, il faut chercher quelques papiers où lettres, ouvrir les capotes pour prendre les numéros matricules. Montres et porte-monnaie étaient déjà enlevés. Les figures sont singulièrement expressives: les unes portent dans leurs traits l’empreinte du courage, les autres celle de l’épouvante et de l’horreur, d’autres reflètent le calme d(un doux sommeil, tel un jeune homme de 17 ans, G Leduc, d’Ixelles dont les traits d’enfant sont apaisés.
Nous les avons identifiés tous. J’ai retrouvé le sous-lieutenant MOREL et Albert PLAQUET de Flémalle, deux élèves de l’Ecole Royale Militaire et nous les avons portés dans la tombe commune où ils sont rangés côte à côte, la tête dirigée vers l’Ouest.
Tout fut terminé avec une bénédiction funèbre vers 6 heures du soir.
Le général Armand MOREL