Biographie de Félix BODY
Issu d’une famille d’agriculteurs d’un petit village assis sur les méandres de la Semois dans les Ardennes Belges, Félix BODY est né le 15 Juillet 1887 à Auby-sur-Semois.
Hiver 1899, le 10 Décembre, le drame s’abat sur la famille BODY, Gaspard Body,le papa âgé de 59 ans décède inopinément. Félix a alors 12 ans .
Sa soeur aînée, Marie-Joséphine perd la vie le 13 Août 1903 et le désarroi total s’empare de la famille.
La famille Body est alors composée de 3 soeurs et 3 autres frères dont un qui décéda à l’âge de 12 ans en 1890.
Noyée par le chagrin, sa maman; Marie Augustine Pierson meurt le 28 juin 1904, laissant la ferme orpheline.
En 1904, Félix est âgé de 17 ans, avec Prosper âgé de 34 ans et Joseph le frère cadet 15 ans, ils doivent assumer la sauvegarde de la ferme…
Deux soeurs sont mariées; Julie avec Joseph Comilia en 1901 et Sophie avec Jean Joseph Gilson en 1904.
Octavie, 24 ans, participe également aux travaux domestiques.
16 Avril 1906; Sophie Body met au monde le petit Joseph Prosper Félix
Septembre 1907, Félix est appelé sous les drapeaux pour un service militaire de 20 mois.
Joseph Body, frère de Félix
Le 15 Septembre 1907, Félix part pour l’instruction militaire à Arlon pour une durée de 2 mois, ensuite il est envoyé au 13ème régiment de Ligne à la caserne Marie-Henriette de Namur.
Son matricule est ; 1191481 dossier 6188596
Avril 1909, Félix Body participe à des manoeuvres au camp de Bourg-Léopold et défile avec le régiment devant le chef de corps.
Le 15 Septembre 1909, Félix est démobilisé et renvoyé à son domicile à Auby-sur-Semois.Il continue quelques temps le métier de cultivateur et marchand avec ses frères Prosper et Joseph.
A la fin de ses obligations militaires, Félix Body participe à un office religieux pour militaires le 11 Novembre 1909; cette date qui deviendra précisément le jour de l’armistice de la Grande Guerre et à laquelle il ne participera jamais!!!
Après le service militaire, Félix travaille au dur labeur du métier de cultivateur sans trop se préoccuper d’une menace certaine qui plane sur l’Europe.
3 Décembre 1913; mariage de son frère Joseph avec Henriette Collard, sœur de Léon qui sera bourgmestre d’Auby en 1925…
Le 15 Juin 1914, il fête ses 27 ans, croyant à une année prospère avec l’ambition de sa jeunesse mais quelques semaines plus tard, le ciel s’assombrit … Le 28 Juin 1914, il participe en bon Chrétien à la manifestation eucharistique de Bertrix .
31 Juillet 1914 à 19h00, Sa Majesté le Roi Albert 1er décrète la mobilisation générale de l’Armée Belge 2 jours avant l’ultimatum allemand . 15 classes sont appelées pour 6 Divisions d’armées.
Félix reçoit son ordre de rejoindre signé du commandant de district de Gendarmerie avec la mention » rejoindre immédiatement » la caserne du 13ème de Ligne à Namur.La mission principale est de participer à la défense de la place forte de Namur. Incorporé dans la 4ème Division d’Armée sous le commandement du général Michel, le 13ème de Ligne occupe des intervalles de forts autour de Namur et il subit, comme les autres régiments, des attaques très impressionnantes qui obligent la 4ème division à battre en retraite.
Dés le 10 Août, les soldats du 13ème sont positionnés dans les tranchées composant les lignes de défenses entre les forts et le Mercredi 19, les premières escarmouches avec des Uhlans eurent lieu…
La 22ème division allemande lance des assauts sur les Belges et bientôt sa suprématie oblige nos braves soldats à se replier…
23 Août 1914, 18hoo, Félix Body abandonne avec son bataillon les tranchées de Géronsart à Jambes.
24 Août 1914, à 2hoo du matin, les troupes belges quittent Bioul et reprennent la route vers la frontière. Félix Body, avec le 3ème bataillon du 13ème de Ligne, marche sur Ermeton-sur-Biert venant de Rouillon et Fraire. Les hommes sont désemparés et une réorganisation serait nécessaire dans le désordre de la retraite et la cohue qui règne sur la route. Des fusillades sporadiques éclatent partout et la panique gagne la colonne, les officiers sont disséminés sur le parcours et les soldats progressent dans les fossés.
A 9hoo, le bataillon du 13ème de Ligne tombe nez-à-nez avec des éléments de l’avant-garde ennemie et des tirs crépitent à l’entrée du village.
Notons qu’un bataillon français, appartenant à la 8ème Brigade du général Mangin, engagea une contre-offensive qui favorisa le replis des Belges.
Le 25 Août, la 4ème Division, commandée par le Général Michel, entreprend une marche forcée de 42 km jusqu’à la limite de l’épuisement pour se mettre hors d’atteinte de l’ennemi. Cette marche a conduit Félix Body de Mariembourg jusqu’à Auvillers en France.
Le lendemain, 26 Août en fin de matinée, Félix arrive à la gare de Liart et après un rassemblement des effectifs, la troupe embarque sur un train à destination de la ville de Rouen .
Après quelques jours de réorganisation des effectifs restants, la 4ème Division est transférée au Havre puis embarquée sur un navire qui quitte le port le 1er Septembre pour arriver à Ostende le 3 Septembre 1914.
A partir du 4 Septembre, l’armée belge défend un front proche de Termonte et la ceinture d’Anvers pendant que dans la Marne la première grande bataille dure une huitaine de jours…
Avec cette première victoire sur la Marne, l’armée belge redouble de ferveur à combattre et trois contre-offensives sont lancées par de glorieux régiments avec l’aide des Anglais et des Français. Durant une quinzaine de jours, la 4ème division est placée en réserve et finalement le mardi 29 Septembre, les clochers d’Anvers sonnent le glas sous un ouragan de feu martelé par les fameux mortiers de siège qui furent décisifs par leurs performances de tirs et leurs calibres lourds…
Du 1er au 13 Octobre, la grande retraite d’Anvers est opérée vers l’Yser.
5 Octobre 1914, le 13ème régiment de ligne est massé dans la boucle de Schoonaarde. Sur sa gauche le 10ème de ligne barre l’accès vers Baasrode et la petite ville de Termonde.
Le 13ème de ligne, qui est positionné sous la protection de la 6ème Division d’armée belge, tente de gagner le canal de Gand à Terneuzen par les chemins de sable de Beiwelde.
10 Octobre, la 4ème division d’armée belge commandée par le général Michel qui, malgré la fatigue avait encore creusé à Waarschoot des tranchées aussitôt abandonnées pour gagner les positions de Wijnendale, Torhout et Ichtegem où elle allait organiser en coordination avec la 1ère D.A. une position de maintien et d’accueil à environ 15 km de l’Yser entre Torhout et Eernegem.
Son Altesse Royale, le Roi Albert 1er s’adresse à ses soldats:
Le message du Roi est clair, il faut tenir le front de l’Yser !
A partir du 15 Octobre 1914, la ligne de front part de la Mer du Nord à hauteur de Nieuport, longeant l’Yser jusqu’à Ypres.
Sur cette ligne de front, la 4ème division avec notamment le 13ème de ligne a pour instructions de tenir le secteur en aval de Tervaete jusqu’aux postes avancés de Keyem et Beerst.
C’est dans ce secteur que Félix Body passa une très longue période de la Grande Guerre et au fur-et-à mesure du temps, lui et ses compagnons d’armes se distingueront sur ce champ de bataille. La ferme Den Toren, proche de Oud-Stuivekenskerke, fut un endroit stratégique que Félix Body a bien connue.
Après 2 mois de guerre, Prosper, le frère aîné, décède le 21 Octobre 1914 à l’âge de 44 ans et nous n’avons actuellement aucune trace de son vécu…
Désormais, Joseph, 25 ans est seul pour assurer les lourdes tâches de la ferme.
24 Octobre 1914, en soirée, la nouvelle église de Oud-Stuivekenskerke flambe, le hameau est écrasé sous les ruines, deux divisions allemandes prennent position face aux défenseurs exténués, pour la plupart décimés jusqu’à Vicogne.
Den Toren fait face à l’ouragan de feu, dressée au coeur de la bataille. Sa haute flèche pointée dans le ciel ombragé par les tirs de canons semble hurler un cri de désespoir aux Alliés pour la libérer de cette torpeur. Et bientôt, les obus abattent sa pointe, l’ennemi s’est infiltré par la brèche de Tervaete.
Les Français arrivent en renfort avec les fusiliers marins, le 1er régiment d’infanterie et les chasseurs qui refoulent l’ennemi dans une furieuse bataille. Den Toren brûle…
Le matin du 26, les Allemands se réorganisent et se renforcent considérablement tandis que la petite armée belge est exténuée et à bout de souffle… C’est à ce moment que les écluses de Nieuport sont ouvertes pour appeler la Mer du Nord a envahir le bassin de l’Yser et venir au secours des défenseurs désemparés.
Mais plusieurs jours sont nécessaires pour inonder les Polders et le 29 et le 30, les Allemands déclenchent de nouvelles attaques, Ramscappelle est pris, Dixmude étouffe et Pervyse est envahi !
Le 30 Octobre 1914, à la suite d’une contre-attaque, les assaillants coupés de leurs réserves sont refoulés dans les inondations abandonnant matériel et blessés…
(Voir l’article sur Oud-Stuivekenskerke avec sa tour et les monuments du 5ème Lanciers et des bataillons de Carabiniers-Cyclistes)
Quelques lignes découvertes en 2019 sur un site de la C.I.C.R. , comité international de la Croix Rouge qui renseigne une missive constatée détruite en 1918 alors qu’elle était présente dans son carnet de guerre …
« Cher frère et soeur
Je vous écrit ces quelques mots
pour vous dire que je suis toujours en bonne santé ainsi que Cyrille, Victor Grosfils, Léon Collard, Eugène Houchard.
Maintenant les autres d’Auby, je ne les ai jamais vu.
Jules Godfrin de Cugnon est venu me rendre visite et m’a raconté qu’il avait reçu des nouvelles de Cugnon par la Hollande.
J’espère que toute la famille est en bonne santé.
En attendant de vos nouvelles le plus tôt possible, recevez les meilleurs amitiés de votre frère.
Voici mon adresse:
Body Félix, caporal au 13è Ligne 3/4 4ème Division
Faire suivre!
Ecrivez-moi une lettre de 4 pages… »
Avec de nombreuses attaques et contre-attaques, pertes et reprises de terrain , le 13ème de ligne souffre énormément comme tout les glorieux régiments postés à ses côtés.
18 Octobre 1914, le Grand Quartier Général donne l’ordre à l’Etat-Major de la 4ème Division de contre-attaquer pour reprendre Keiem. Le major Delcourt commande le 1er bataillon du 13ème de ligne. Le major Vasseur est en soutien avec le 1er bataillon du 8ème de ligne. L’ensemble de l’opération est dirigée par le Colonel Couturiau du 8ème de ligne. Le 1er bataillon du 13ème de ligne se lance 4 par 4 vers la Kloosterdreve puis se dirige vers le pont de Tervate.Le bataillon du 8ème s’y engage à son tour.
le bataillon Delcourt divise ses 3 compagnies pour barrer les 3 routes qui mènent vers l’église. Le 8ème de ligne s’apprêtent à pénétrer dans le village lorsqu’un feu nourri ennemi éclate de toute part. Malgré cette riposte, les 2 régiments belges progressent dans les rues en visitant chaque maison.
19 Octobre 1914, le Major Delcourt, originaire de Bouillon, est frappé mortellement d’une balle en pleine poitrine lors de la tentative de reprise de Keyem.
Le Lieutenant Fabry, du 13ème également tombe au combat ce même jour à Kasteelhoek.
Durant cette période, les régiments belges résistent héroïquement sur l’entièreté du front de l’Yser et notons des hauts lieux de l’histoire comme Ypres et Passchendaele défendus glorieusement par l’armée britannique ou la forêt d’Houthulst tenue par l’armée française…
26 Octobre 1914, l’armée belge décide l’inondation des plaines de combats en lâchant les écluses de Nieuport à marée haute en ayant eu soin de créer une ligne de défense le long du chemin de fer avec obstruction des ponts.
Le 1er Novembre, les Allemands reculent devant l’inondation. Les pertes de l’armée belge sont à ce moment évaluées à 18.000 hommes. 7 divisions allemandes sont paralysées et les Alliés peuvent consolider une solide ligne de front en travers de la route vers Calais…
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L’Yser ; la légende des inondations de 1914
L’embouchure de l’Yser sur la Mer du Nord se situe à Nieuport, ville dans laquelle se mitigent 6 cours d’eau ;
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– le canal de Furnes
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– le canal du Noordvaart
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– l’Yser canalisé
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– le Vieil Yser
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– le canal de Plasschendaele
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– le canal de Vladsloo
Toutes ces voies d’eau proviennent d’une plaine conquise par la ténacité des paysans flamands qui, au fil des âges, ont transformé cette zone sous le niveau de la mer en des Polders fertiles.
Pour gérer efficacement l’évacuation vers la mer de ces différents cours d’eau ainsi que les innombrables petits ruisseaux , un système de « Wateringues » évacue les eaux lors des marées basses grâce à un montage très compliqué de barrages équipés d’écluses et de vannes .
C’est donc à Nieuport que se situent la plupart de ces barrages et écluses qui protègent les Polders de l’inondation.
Lors de la Bataille de l’Yser, l’envahissement des flots a été décidé en dernier recours pour refouler les belligérants.
Une voie de chemin de fer, partant de Nieuport, Ramscapelle vers Dixmude, servit de ligne de front et de digue artificielle à ces inondations.
Outre la brillante résistance des Alliés lors de la célèbre bataille de l’Yser, il faut mettre à l’honneur la poignée de Braves qui a manœuvré les écluses avec des restaurations permanentes suites aux bombardements continuels de l’ennemi.
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13 Septembre 1915; Henriette et Joseph Body accueille une petite fille; Octavie
10 Juin 1916
Félix Body écrit une lettre à Joseph Nollevaux et son épouse qui sont déplacés à NICORPS en Basse-Normandie, il parle de la mort de son frère Prospère Body.
13 Août 1916
Création du 19ème Régiment de Ligne
25 Décembre 1916, le jour de la fête de Noël a été choisi pour former un nouveau Régiment de Ligne; le 19ème.
Les unités, issues de glorieux régiments qui s’étaient déjà distinguées maintes fois sur les champs de bataille, furent les suivantes:
– le IIIème bataillon du 13ème de Ligne ( Major PHILIPPE)
– le IVème bataillon du 13ème de Ligne ( Major WARNEZ)
Ces 2 bataillons sans les 4èmes compagnies.
Les 4ème compagnies c’est-à-dire,
4ème compagnie, IIIème bataillon, 13ème de Ligne,
4ème compagnie, IVème bataillon, 13ème de Ligne,
4ème compagnie, IIème bataillon, 12ème de Ligne,
formèrent le IIIème bataillon du 19ème de Ligne dirigé par le Major BOURG.
Chaque bataillon est composé de 4 compagnies dont 1 de mitrailleuse.
Le 13ème et le 19ème Régiments de Ligne forment la 13ème Brigade commandée par le Général FLEBUS qui commandait le 13ème depuis Mai 1916.
22 Avril 1917
Félix écrit à ses amis, Joseph Nollevaux et son épouse, déplacés à Nicorps
Juillet 1917.
La 4ème Division est reportée en arrière pour constituer la réserve d’un mouvement offensif.
Le 19ème Régiment d’Infanterie fut cantonné dans la région de Oye, Ardres et Loonplage.
Le 13ème Régiment de Ligne occupe le secteur de Steenstraat et termine une période d’environ 3 mois d’entraînement et de multiples travaux à l’arrière du front.
Félix BODY reçoit une carte postale en date du 30 Juin 1917 .
C’est son grand ami dévoué ; HENRI GROSFILS, appartenant au 13ème de Ligne de Forteresse, prisonnier au camp allemand de SOLTAU.
Henri Grosfils répond à une lettre de Félix Body envoyée le 24 Avril 1917 ;
» Soltau Z3032, le 9-6-17
Mon Cher Félix
Je m’empresse de répondre à ta lettre datée du 24-4-17 que j’ai reçue le 28 Mai. Je suis en bonne santé et suis très heureux de te savoir de même. Je te remercie de ta gentillesse de t’offrir pour m’envoyer quelque chose , il ne me manque de rien. Je reçois assez. Seulement tu me ferais grand plaisir en m’envoyant ta photo.
Bonnes amitiées
Henri tout à Toi. «
5 Juillet 1917
10 Août 1917
Félix écrit une lettre à Constant Nemry
18 Septembre 1917
28 Octobre 1917
Félix Body revient d’un voyage à Lourdes. Il y a rencontré l’instituteur de Dohan . Avec le fils Florin de Bouillon, le trio passe quelques jours pieux et visite plusieurs sites proches de Lourdes.
Novembre 1917.
Le 13ème Régiment de Ligne rejoint le front dans le secteur de Merckem le 11 Novembre et y restera jusqu’au début Février 1918.
Le colonel Houzé quitte la tête du régiment et est remplacé par le major Chabot pour un interim.
Le 19ème Régiment de Ligne remonte au front dans le sous-secteur de Hoekske.
Le Major Philippe remplace le colonel Hoomann appelé à la direction de l’école de capitaines.
Le sous-secteur de Hoekske est jalonné par les postes ;
– d’Epernon
-d’Aschkoop
– de Jesuitengoed
Aucune tranchée n’a résisté aux bombardements incessants.
Décembre 1917, le sergent Body, toujours au 19ème de ligne, reçoit une lettre de son ami Henri Grosfils en réponse de sa missive envoyée début Octobre 1917.
» Kriegsgefangenenlager Soltau Z3032, le 10-12-17
Bien cher ami Félix
Très bien reçu ta carte du 17-10-1917 et suis très heureux de te savoir en bonne santé. J’espère que bientôt, des jours plus heureux pour nous s’ouvriront. Je te remercie pour le bon soin que tu prends pour moi. Pour les vivres, il ne me manque rien, si quelquefois tu pourrais me procurer quelques paires de chaussettes, je serais heureux.
Pas reçu ta photo !
Meilleures amitiés
Henri . «
22 Déc.1917 Le sergent Body reçoit une lette de S. Grosfils, son cousin qui lui souhaite le meilleur pour 1918 avec une victoire méritée, juste et la liberté…
Explication de l’adresse de S Grosfils qui utilise cette adresse pour envoyer son courrier via le front français pour atteindre Félix…
Janvier 1918, à la fin du mois, la 13ème Brigade est supprimée et l’échelon « division » est à nouveau réutilisé.
Les 13ème, 19ème et 20ème régiments de ligne deviennent la 10ème division d’infanterie. Elle est dirigée par le général Flébus. Le 13ème de ligne est désormais commandé par le lieutenant-colonel De Camps.
Dans le cadre d’une réorganisation de l’Armée Belge, le 13ème, 19ème et 20ème Régiment d’Infanterie de Ligne appartiennent désormais à la 10ème Division d’armée.
Félix Body est muté au 19ème de ligne.
Des mouvements tactiques sont nécessaires et le 19ème glisse vers l’aile droite des Britanniques dans le sous-secteur de Olifantemolen, Kortekeer, Hoekske .
3 Avril 1918
17 Avril 1918
Bataille de Merckem
Des ouvrages bétonnés, éventrés maintenant, sont les vestiges d’une longue occupation allemande, des abris anglais sont ouverts à tous les vents, de nombreuses tombes françaises racontent des combats acharnés. Anglais et Français ont donné les noms aux ouvrages et aux postes d’appui qui s’échelonnent dans ce pays de cauchemar que le Major BOURG vient occuper avec ses hommes sous couvert de la nuit.
La 9ème Compagnie du 19ème de Ligne, sous le commandement du Capitaine MAHY, prend position à GOURDI dans les tranchées profondes dont on ne peut sortir vers l’ennemi du’avec des échelles. Elle a 2 postes avancés; le fortin bétonné de VICTORY et ISLANDE, gros abri recouvert de terre.Dans le fortin de VICTORY, le sous-lieutenant VAN COILLIE assure sa défense avec sa section, la liaison vers la gauche est assurée là par un caporal et 2 hommes du 12ème de Ligne. C’est donc dans cet abri d’ISLANDE que le Sergent Félix BODY opère avec son escouade avec son chef direct, l’adjudant Pierre FONTAINAS.
La tranchée d’extrême gauche de la position ISLANDE est tenue par le peloton du lieutenant STEGERS, le capitaine s’établit au centre et le sous-lieutenant MISSON occupe la tranchée de droite.
Cette Compagnie est en liaison avec le 12ème régiment de Ligne ( 3ème Division d’Armée Belge) La 10ème Compagnie du 19ème de ligne occupe le bois de Mondovi sous le commandement du capitaine VANESTE avec les postes avancés d’ALESIA et du CARREFOUR de LONDRES. La 11ème Compagnie sous commandement du lieutenant FREROTTE se porte vers la ferme de CHAMPAUBERT et occupe en avant LANNES COPSE. Cette Compagnie est en liaison avec le 3ème bataillon du 13ème de Ligne dont les éléments avancés sont positionnés près du cimetière allemand. La 12ème Compagnie de mitrailleurs sous commandement du lieutenant CULOT est disposée sur les 3 positions ci-avant.
La relève est terminée vers 9h00 du soir. Les hommes se sont retranchés dans leurs positions et les couvertures enroulées sur eux-même, plusieurs s’endorment lourdement. Beaucoup restent éveillés et surveillent les fusées éclairantes. Tous pressentent que des choses graves vont arriver. Sur ce terrain d’avant-postes, le Bataillon doit soutenir le premier choc. La première ligne de combat sera en arrière, au delà de STEENBEEK où la Division est échelonnée fortement.Ils n’auront aucun renfort à attendre et seront sacrifiés suivant les ordres de l’Etat-Major… Il n’y a qu’un soutien de 3 batteries d’artilleries. Les canons de la Division resteront en arrière de l’YSER.
29 Avril 1918
Félix écrit à ses amis en relatant des journées assez difficiles sur le front » Ca y chauffe assez fort » dit-il !
Il vient de recevoir une lettre d’Edouard qui est de retour au front et il a rencontré Victor dans les tranchées…
27 Mai 1918
Le 19ème Régiment est relevé et part en cantonnement dans la région d’Isenberghe et Ghijverinchove.
Les soldats du 19ème travaillent aux lignes téléphoniques dans la bretelle Herzeele-Rousbrugge pour le Grand Quartier Général( GQG)
20 Juin 1918
La 4ème division va occuper le secteur de Dixmude- Nieuwcapelle.
Le 19ème Rég. d’Inf. progresse au Sud de la borne 16, de l’Yser jusqu’au pont. La situation est calme …
26 Juin 1918
Félix Body écrit une lettre à ses amis à Dinard, il attend un congé pour leur rendre visite par chemin de fer
Liste de linge du 18 Juillet 1918 dressée par Félix BODY
27 Août 1918
Lettre de Félix à son ami Joseph, il y parle de Paul Hubert qui annonce plusieurs mariages avec des personnes d’Auby et notamment;
Ida Hubert avec Joseph Kinon de Bertrix,
Henri Huin avec Célestine Devresse de Glaumont, mariés le 20 Juin 1918 à Fays-les-Veneurs.
Joseph Fays avec Odile Nicolas…
20 Septembre 1918
La 10ème Division d’Infanterie est relevée par la 2ème DI et va cantonner dans la région de Isenberghe-Pollinchove, elle en profite pour remettre les équipements et le matériel en bon ordre.
Ce même jour, le Sergent BODY énonce une remise-reprise de matériel au dépôt anti-gaz du Lettenburg !
Ce document officiel est le dernier connu, écrit de la main du Sergent Body moins d’un mois avant son décès !
28 Septembre 1918
Dix divisions d’armées dont 9 belges et 1 française préparent l’assaut de Clercken, Stadenberg, Passchendaele et Zonnebeke.
Au Nord; le Général Bernheim : il a constitué une réserve d’attaque avec le 19 Rég. d’Inf., le IIème Bataillon du 20ème Rég d’Inf., et le IIIème Bataillon du 13ème Rég.d’Inf.(Major Claeser)
Cette réserve est aux ordres du Colonel Hollmann et est positionnée dans la région S.O. du Lac de Blanckaert.
Au Centre; le Général Jacques
Au Sud; le Général Biebuyck
Après 3 heures de bombardements par l’artillerie alliée, les 10 Divisions engagent le combat, enlève le château Blanckaert, entament la crête de Clercken et abordent victorieusement la forêt d’Houthulst…
Le 19ème Régiment de Ligne avec le Sergent BODY progresse dans le sillage de la 1ère Division d’infanterie entre Kippe et le Petit Fils .
2 Octobre 1918
Le 19ème Régiment de Ligne
Dernière lettre écrite par Sergent Body, quelques heures avant son décès sur le champ de bataille
13 -10 -18
Mon cher Victor
Bien reçu ton aimable lettre hier qui m’a fait grand plaisir de savoir que tu étais toujours en bonne santé, quand à moi, j’en suis de même.
Mon cher Victor, merci bien pour les bons conseils, c’est comme tu dis, maintenant nous passons de dures journées et d’une heure à l’autre on ne sait jamais ce qui peut nous arriver donc il s’agit toujours d’être prêt !
Mon cher Victor, de ce côté là tu peux être tranquille. Tout les bons conseils, je les mets en pratique .
Que penses-tu de la situation ?
Il me semble que cela marche assez bien, espérons que bientôt nous serons chez nous.
As-tu reçu la lettre de Paula en retour ?
Je viens de recevoir une lettre de Godard me disant qu’il en avait eu connaissance
Je termine ces quelques lignes
En attendant, reçois mes meilleures amitiées
Ton meilleur ami
Félix
14 Octobre 1918
Offensive des Flandres par les Alliés
L’offensive générale des Alliés a pour but de refouler rapidement l’ennemi hors de Flandre et libérer totalement l’accès à la côte belge et les grandes villes du Nord de la Belgique.
La Situation du 19ème Rég.d’Infanterie est de suivre le 13ème de Ligne au Sud de Zarren, sur la route menant à Kruisstraat et Abeele-Molen pour atteindre une position d’attende dans le hameau de Aargat le long du Krekelbeek.
Les pertes du 19ème atteignent une centaine d’hommes en ce jour du 14 Oct 1918.
15 Octobre 1918
4 heures du matin, le 19ème se met en marche avec d’autres unités de protection vers le premier objectif; Edewalle et Groenespriet.
Le IIIème bataillon du 19ème, dont le Sergent Body fait partie, progresse vers le Sud-Est de Bescheewege. Cette marche offensive subit les nombreux tirs de mitrailleuses ennemies. Le Colonel Hollmann et ses hommes sont soutenus par des tirs des batteries qui permettent d’atteindre le Sud-Est d’Edewalle vers 15h00.
C’est malheureusement ce 15 Octobre 1918 que de nombreux frères d’armes tombent aux combats .
Le Sergent BODY et le Sous-Lieutenant MISSON meurent sur le champ de bataille .
Carnet de guerre du Sgt Félix Body ouvert à la page qui montre les escouades respectives du Slt Misson et du Sgt Body. Les auréoles plus sombres présentes sur les pages sont des tâches de sang du Sergent Body qui portait la précieuse relique lors de sa mort sur le champ de bataille…
Sur la stèle ci-avant, les noms de quelques uns des Héros de la 4ème Division d’armée belge gravés sur une des nombreuses plaques du mémorial de Wulpen près de Nieuport situé sur le bassin de l’Yser et proche de la côte belge. ( voir l’article sur le mémorial de Wulpen)
5 novembre 1918 Lettre écrite par le Père Gilbert probablement au curé du village d’Auby S/Semois pour expliquer le décès et l’inhumation de Félix BODY sur le champ de bataille…
Copie de cette lettre provenant de la collection personnelle de Mr Gilson, dont Félix Body appartient à sa Généalogie !
Le 19ème Régiment de Ligne défile fièrement en libérateur sur la place de Thourout.
Ces soldats sont soulagés d’avoir pu traverser l’enfer du feu sans perdre la vie et nul doute qu’ils ont eu certainement une pensée profonde pour leurs frères d’armes couchés sur le champ de bataille.
La tunique de sous-officier du 13ème Régiment de Ligne portée par le petit-petit neveu du Sergent Félix Body
Mémorial de Wulpen en l’honneur des frères d’armes de la 4ème division du général Michel tombés au champ d’honneur.
Extraits de pages éditées après guerre.
Victor Collard de Auby s/Semois, historien local et passionné de généalogie, précise que lors de l’exhumation du corps de Félix Body après la guerre afin de ramener sa dépouille dans sa terre natale de Auby, une cérémonie grandiose fut consacrée à cet évènement avec un fervent accueil de la population locale qui traversa le village en procession encadrant le cercueil du Héros du 19ème de ligne.
C’est certainement son ami, l’abbé Victor Grosfils qui accompagna la dépouille mortelle de Félix Body de cette terre de Flandre vers la sépulture familiale du cimetière d’Auby S/Semois…