extraits du Chanoine Jean Schmitz & Dom Norbert Nieuwland
Tandis que les habitants de Bertrix se dévouaient, avec un admirable entrain, aux 2.500 blessés accueillis dans le village, des troupes que le pillage avaient rendues excessivement sauvages entrèrent le soir du 22 août .
Vers 15hoo de ce même jour , les soldats français battaient en retraite précipitamment et l’artillerie ennemie s’abattait déjà sur Bertrix , surtout sur le quartier de Burhaimont , plus proche des combats.
La maison ARNOULD-FERAUCHE fut rasée.
Les maisons COLLETTE-CASIN, LAMBERT-NEMRY, BODSON-HENNAY, DASNOIS-GILLET, FONTAINE-CASIN,LEJEUNE-DURUISSEAU furent atteintes.
Un obus mit le feu à l’ambulance installée dans l’école des Sœurs de la Doctrine Chrétienne et leur habitation. Des éclats d’une bombe blessèrent gravement Jeanne JOSEPH , rue de la Gare.
Elle décéda le lendemain.
En entrant dans Bertrix, le premier acte des troupes ennemies fut de s’abriter derrière des civils.
Des soldats vinrent prendre les chefs des maisons situées à l’entrée de la localité; ils durent jurer « que les Français étaient partis » puis ils précédèrent la troupe.
Ils conduisirent l’ennemi chez le bourgmestre et dans plusieurs maisons.
Les soldats se livrèrent déjà au pillage des magasins GOCHET-GILLET, HEYNEN-PIERLOT, veuve CASIN-DASNOIS, ADAM-JULES, demoiselles DELOGNE, EMILE FONTAINE etc…
Le défilé des troupes ennemies commença le 23 août au matin et dura trois jours et trois nuits. C’était le XVIIIè corps d’armée du duc de Wurtemberg; il passa a-t-on dit, 58.000 hommes.
Les offices religieux ne purent avoir lieu.
De 6 à 10hoo, le clergé de la paroisse se rendit sur une partie du champ de bataille, à la recherche des morts et des blessés.
Le 24 août fut une journée lugubre à BERTRIX.
Les troupes allemandes s’étant livrées à des excès de boisson suite au pillage, manifestèrent une débauche de sarcasmes et d’horreur.
Le bourgmestre, le secrétaire communal et le curé doyen comparurent devant un colonel en furie, qui leur fit lire une affiche les menaçant d’être fusillés. A 13hoo, une fusillade retentit tout à coup, un tir en règle fut dirigé sur le clocher et la mutinerie commença .
Cinq maisons situées au « Saupont » sont incendiées. Les maisons de ; PIGNOLET-LAMBERMONT ,JEANGOUT-ECHER, ECHER-LECLER, WANLIN-LEPAGE, LEPAGE-WANLIN
Presque toute la population est traquée hors des maisons et collée au mur, avec menace d’être fusillée. Le colonel obligea le doyen et le bourgmestre à monter dans la tour et les combes de l’église .
Au Saupont, le neveu de J. Pignolet , François LAMBERT, 20 ans , blessé une première fois par une balle puis enfermé avec les autres occupants d’une maison incendiée, est tué à coups de révolver et de baïonnette. Ses parents parvinrent à éviter l’asphyxie, puis à fuir en perçant, après 4 heures d’efforts un mur épais dans une salle arrière où ils étaient cachés.
Dans une autre maison incendiée, Joseph ECHER, Marie LECLERE son épouse et leur nièce Maria JEANGOUT sont tuées à coups de baïonnette
Les corps alignés sont recouverts de paille par les soldats qui y mirent le feu. Léon JEANGOUT qui traversait une clôture pour rejoindre la cave Echer, eut le bras fracturé par une balle et un officier lui trancha la tête d’un coup de sabre.
Emile NANNAN, clerc de l’église, rentrant chez lui au moment de la fusillade fut traqué, assommé d’un coup de crosse puis achevé d’un coup de fusil tiré à bout portant. Joseph PIQUARD qui passait de sa maison vers la remise , fut tué d’un coup de fusil.
Anatole PIGNOLET et Joseph WANLIN furent tués près de l’église, à côté de leur chevaux, alors qu’ils ramenaient des blessés sur une charrette.
Marcel FINCK, 3 ans,fut tué dans les bras de son père , qui voulait échapper à l’incendie , et fut grièvement blessé lui-même .
Antonin GOCHET, Mathias FINCK,Gérard BOURLAND et Pierre JEANGOUT survécurent à leurs blessures.